Mardi 8 novembre 1881 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Ma chère Marie

Si je continue ainsi à t’écrire journellement c’est bien plus pour tes grands-parents[1] que je suppose toujours auprès de toi ; depuis assez longtemps je n’ai pas écrit à Émilie[2] persuadé que tu la tiens au courant des nouvelles de notre petite malade[3].

Aujourd’hui comme hier l’on trouve une bonne amélioration depuis hier soir 10h l’on a pas donné de bain la température a au contraire diminué un peu sans qu’il fut besoin d’agent étranger, ni bain ni linge mouillé depuis 14h enfin respire-t-on un peu plus librement. Ce n’est pas dit que la petite entre en convalescence, il faut à cette terrible maladie son temps & nous ne sommes qu’au 12e jour ?

Il n’y a aucun symptôme alarmant & tout fait espérer une bonne guérison. Il faut le temps & grande patience.

M. Henry Stackler[4] a trouvé hier un peu de fièvre à sa sœur[5] & comme elle est enceinte de 2 à 3 mois, il craint un accident. Dans ce dernier cas il serait fort à craindre qu’elle ne prenne la maladie de sa fille.

A l’instant arrive Mme Miquey[6] avec un Ami jeune docteur de Mulhouse M. guth que Henry va présenter à M. Disqué[7] pour le cas où Henry n’y serait plus & où notre docteur trouverait un peu d’aggravation il puisse le demander. C’est aussi pour la sécurité des parents.

Marie[8] va quitter sa maison pour s’installer à Mulhouse chez Mme Miquey, où elle pourra mieux se soigner qu’ici. L’on tâchera de la tenir presque heure par heure au courant de ce qui se passe ici.

Au moins en cas, qui peut malheureusement arriver & qui serait trop grave se trouvant ici, elle soit loin du foyer de la maladie.

Mon rhume est arrêté, je tousse fort peu & ce matin je le baigne dans un peu de chlorate pour tâcher de m’en débarrasser un peu plus vite, voulant aller à Nancy[9].

Quoique les Médecins soient rassurants à ce que me dit Edgar, je suis un peu inquiet & voudrais voir ma sœur par moi-même. Si c’est réellement une maladie du foie c’est bien douloureux, mais je crains encore autre chose. Comme elle voudrait me voir, je tarderai le moins possible - vilain voyage bien long encore.

Depuis mon retour je ne sais comment cela se fait mais je n’étais pas encore à l’hôpital, il est vrai que les sœurs sont presque toujours ici. Mlle Oberlen[10], je crois vous l’avoir dit, est ici & y restera encore. Mme Stackler[11] est bien fatiguée & elle avait besoin d’une amie pour l’aider. Depuis hier Léon est remonté & a meilleure mine.

Notre pauvre Docteur Disqué n’est plus aussi soucieux, sa figure le trahit, le voici rassuré un peu.

Tu voudras bien rassurer tes chers grands-parents ainsi que le Jardin[12]. Amitié à tous pour vous mes meilleurs baisers ton père

ChsMff

Mardi Midi.

Je ne sais trop comment je m’y prends c’est toujours au triple galop que je t’écris & vous en demande pardon.         


Notes

  1. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  2. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  3. Hélène Duméril, atteinte de fièvre typhoïde.
  4. Le docteur Henri Stackler, oncle de la petite malade.
  5. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  6. Joséphine Fillat, épouse d’Étienne Miquey.
  7. Le docteur Louis Disqué.
  8. Marie Stackler-Duméril.
  9. A Nancy, voir sa sœur Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
  10. Clémentine Oberlé.
  11. Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  12. La famille Milne-Edwards qui vit au Jardin des plantes.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 8 novembre 1881 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_8_novembre_1881_(A)&oldid=41387 (accédée le 20 avril 2024).

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