Mardi 4 juin 1833

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à sa nièce et future belle-fille Félicité Duméril (Lille)

Original de la lettre 1833-06-04-page1.jpg Original de la lettre 1833-06-04-page2.jpg


Je veux vous remercier aussi ma bien chère félicité de l’aimable lettre que nous avez jointe à celle de votre maman[1], et vous verrez par ce que je viens de lui écrire comment il se fait que je ne vous aie pas répondu plus tôt. Pendant cette espèce de maladie j’ai eu des moments d’une tristesse excessive ; je m’en voulais beaucoup d’être ainsi, et puis je me disais, mais si ma bonne félicité était ici je ne serais pas comme cela, là-dessus je soupirais et me disais, comme si souvent, quelle privation pour moi qu’elle ne soit plus là.

Vous jugez que pendant que je ne pouvais pas bouger de chez moi je suis devenue un être presque nul pour les travaux du jardin des plantes, mais M. Duméril[2] s’est arrangé pour y veiller tous les jours au moins un moment, Auguste[3] assez souvent aussi ; ces Messieurs ont fait les choix de papiers qui restaient à faire lorsque je suis tombée malade ; Le tapissier qui a du goût et nous a toujours montré du zèle en a mis pour ce qui le concerne et enfin tout a bien marché, mais il y avait tant à faire qu’il fallait absolument que cela fut long. Nous aurions voulu pouvoir nous y transporter samedi prochain mais nous voyons que la chose sera impossible et il est probable que ce ne sera que pour la fin de la semaine prochaine. Cette maison une fois arrangée sera je crois très jolie et je pense que le petit salon qui précède l’autre, ne sera pas une des moins jolies pièces. C’est là que je projette de me tenir pour dessiner, mais il y a si longtemps que je n’ai tenu mes pinceaux qu’il me semble que j’aurai de la peine à me <rétablir> à cette jolie occupation.

Les Dames Dumont[4] ont été très sensibles à votre aimable souvenir et Zoé a paru l’être beaucoup aux choses dont vous m’aviez chargée particulièrement pour elle. On attend Mme Lesson[5] dans le mois de Juillet, sa santé n’est pas meilleure que lorsqu’elle demeurait à Paris. Vous aurez su la nomination de son mari de correspondant à l’Institut ; M. Lesson a témoigné sa reconnaissance à mon mari de la manière la plus aimable à M. Duméril, qui en a été la cause (de cette nomination) par tout le zèle et l’activité qu’il y a mis à une chose qu’il trouvait juste et que ses collègues repoussaient.

Voyez-vous ma bonne nièce, cette écriture, à laquelle vous avez la bonté de mettre quelque prix à quel point elle est laide et griffonnée ; j’en suis toute honteuse et recopierais cette feuille si je n'étais pas trop près de l'heure de la poste pour cela. Je vous ai parlé de mes maux et ne vous ai pas dit que Constant[6] a eu il y a quelque temps une grippe assez forte qui l’a beaucoup abattu, il a couché deux ou trois nuits à la maison à cause de cela, mais il s’est trouvé trop occupé pour songer à garder la chambre, il y a huit jours qu’il en a eu un retour qui heureusement n’a pas duré, mais au bout de tout cela et avec la grande fatigue qu’il prend, il est un peu changé, mais < > aujourd’hui et j’espère qu’il va promptement reprendre sa bonne mine ordinaire ; il m’a chargée de vous présenter ses plus aimables et affectueux souvenirs ; il m’a aussi demandé de vous prier de sa part de me faire le grand plaisir de m’écrire souvent. Votre oncle et Auguste vous envoient les choses les plus amicales aussi et moi ma chère petite nièce je vous serre contre mon cœur qui vous est bien vraiment attaché

A. Duméril


Notes

  1. Alexandrine Cumont, épouse d’Auguste Duméril l’aîné.
  2. André Marie Constant Duméril, mari d’Alphonsine.
  3. Auguste Duméril, leur fils.
  4. Rosalie Rey, épouse de Charles Dumont de Sainte-Croix, et sa fille Zoé.
  5. Marie Clémence Dumont de Sainte-Croix, épouse de René Primevère Lesson.
  6. Louis Daniel Constant Duméril, fils d’Alphonsine.

Notice bibliographique

D’après l’original

Annexe

Mademoiselle F. Duméril

rue des Arts 34

à Lille

Nord.

Pour citer cette page

« Mardi 4 juin 1833. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à sa nièce et future belle-fille Félicité Duméril (Lille) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_4_juin_1833&oldid=41003 (accédée le 22 décembre 2024).

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