Mardi 27 juin 1876 (C)
Lettre de Charles Mertzdorff (Wattwiller et Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris), commencée le lundi 26 juin
Ma chère Marie comme tu le vois mon messager n’est pas leste & pour cause, aussi seras-tu indulgente.
Je t’écris de Wattwiller en attendant le souper [ ] après mon bain.
Séjour à Wattwiller[1]
Vieux-Thann. Me voilà bien attrapé je comptais finir ma lettre hier au soir & au lieu de cela je me suis mis à être aimable auprès des deux uniques baigneuses de Wattwiller & le temps passe, passe jusqu’à 10 h.
Arrivé ici nouveaux empêchements, si bien qu’il va être midi sans avoir pu vous dire tout ce que j’avais dans mon sac.
bon-papa & bonne-maman[2] sont ici, de plus un M. de Senones qui ne doit pas amuser beaucoup Léon[3]. Nos bons parents qui nous m’ont permis de les quitter pour vous écrire me chargent d’une grosse mais bien grosse quantité de baisers pour vous toutes deux[4] & bonne-maman ajoute qu’une bonne part est à repasser à tantine[5]. Vous vous en chargerez.
La lettre de tante m’arrive à l’instant, je suis bien content que l’on demande l’avis d’un autre médecin ; il est si fâcheux que tu ne puisses te débarrasser de ta petite toux, qu’il faudra faire un effort pour le tenter. Je remercie bien tante de sa bonne lettre, je sais qu’elle me dit bien les choses comme elles sont & ne suis pas autrement inquiet. Je sais qu’au Jardin l’on n’a qu’une médiocre confiance dans les Eaux, mais tu serais en Alsace & je crois que les docteurs trouveraient que les Eaux ferrugineuses de [Schwalbart[6]] te seraient salutaires.
attendons ce que dira M. Potain[7], car mon opinion n’a absolument aucune valeur médicale comme tu penses bien.
Dimanche je n’ai pas pu aller à mon bain, la société chorale de Vieux-Thann donnant son premier concert & désirant se constituer par quelques sociétaires très protecteurs, je ne pensais pas re pouvoir refuser à y assister. C’est à la grande salle de l’Asile qu’il a eu lieu & a très bien réussi. Les deux salles étaient combles de monde & tout s’est passé très convenablement. Je me suis rencontré avec toute la famille Berger. Mme Deguerre[8] avait quitté, elle & tout son mobilier. L’on m’a invité au souper, que j’ai accepté de sorte que j’ai passé toute ma soirée en famille. partie au jardin partie au salon. Ces dames[9] m’ont chargé de mille choses aimables pour vous & M. Edwards[10]. L’on a beaucoup causé de vous. Rien est décidé pour elles pour cet été je crois bien qu’elles ne bougeront pas. Hélène reprend ses Orgelet. elle a du reste bonne mine. Mme Deguerre est tout à fait remise & continue ses voyages avec son mari par la France pour visiter la famille de son Mari qui est un peu dispersée. Mme Julie Berger[11] & M. Léonce quittent cette semaine encore pour Paris pour quelques jours seulement. Il paraît que c’est pour aller chercher un logement. voulant se fixer définitivement à Paris pour l’hiver & n’avoir qu’un petit pied-à-terre à Lauw. Il quitte les affaires & se fait rentier comme tu vois.
A Morschwiller l’on commence à faire les paquets[12] ce sont les affaires de Léon[13] qui commenceront le déménagement & tantôt nous allons nous occuper du transport. Un déménageur de Mulhouse demande 700 F ce qui nous paraît beaucoup & l’on va voir comment nous pouvons nous en passer.
Malheureusement la saison est mauvaise, nos chevaux dès qu’il fait un rayon de soleil sont tous occupés aux foins, qui donnent bien du mal, car il pleut presque tous les jours ; ce qui complique comme tu vois les choses.
Je n’ai que le temps de prier tantine de m’écrire dès qu’elle saura ce que pense M. Potain de ta grosse personne. Vous embrasse tous de tout cœur
ton père Chs Mff
Mardi 27. Juin 76.
Notes
- ↑ Le début de cette lettre est illustré de plusieurs croquis : personnage portant une lettre, marchant (« avant »), dans son bain (« pendant »), se rhabillant (« après ») – légendés : « Il a sonné pour le manger. je vais me régaler à côté de belles dames. ».
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.
- ↑ « Tante », « tantine » : Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Schwabwiller ?
- ↑ Pierre Carl Édouard Potain, médecin appelé en consultation.
- ↑ Marie André, épouse d’Antoine Albert Deguerre.
- ↑ En particulier Joséphine André, épouse de Louis Berger, et ses filles aînées Marie et Hélène Berger.
- ↑ Henri Milne-Edwards ? ou son fils Alphonse Milne-Edwards ?
- ↑ Julie André, épouse de Léonce Berger.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse vont déménager au Moulin.
- ↑ Léon Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 27 juin 1876 (C). Lettre de Charles Mertzdorff (Wattwiller et Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris), commencée le lundi 26 juin », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_27_juin_1876_(C)&oldid=40919 (accédée le 15 novembre 2024).
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