Mardi 24 avril 1877

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1877-04-24 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-04-24 pages 2-3.jpg


Mardi 24 Avril 77[1]

Ma chère Marie

Comme il y a déjà quelques jours que je ne t’ai écrit je tiens à vous dire que je vais très bien & que ce ne sont que les occupations qui sont cause de ma négligence.

Du moulin[2] enfin bonnes nouvelles, Léon[3] a écrit à Georges[4] il paraît que sa femme[5] a pris froid, que l’on a dû consulter un docteur, que ce n’est qu’un simple mal de gorge, que l’on allait mieux & Léon pensait que l’on sortirait Dimanche le lendemain. C’est à Nice qu’ils sont. ne pensent plus rester longtemps absents mais ne parlent pas de leurs projets futurs. Nous ne savons donc pas ou ils se trouvent aujourd’hui Mardi. tout ce que l’on sait, c’est qu’ils passeront à Dijon & y séjourneront 2 à 3 jours.
Les Borel sont toujours en Alsace mais sont à la veille de rentrer à Dijon.

Depuis votre départ je n’étais pas à Mulhouse mais vais y aller cet après-midi voir une machine. je ne sais s’il me restera le temps de faire mes deux visites obligatoires.

Je ne sais trop que penser des Henriet, je m’en doutais un peu qu’il n’y avait aucune franchise dans leur dire ; en me priant de prendre des renseignements, l’affaire était à peu près décidée, il paraît que depuis de mois il est question de ce mariage & il se trouvait décidé lorsque l’on m’en a parlé.
Je crains bien que les parents ne voient que la fortune, car franchement les renseignements [ne] promettent pas grand bonheur à cette pauvre Jeanne qui est encore un enfant & ne sait réellement pas que penser. Lorsque j’étais chez les Henriet, Jeanne[6] ne savait dire un mot, l’on dirait qu’elle n’y pense pas, cependant elle n’a pas trop mauvaise mine. Ce n’est certes pas la faute de l’enfant si elle ne sera pas heureuse. Je ne comprends pas sa sœur & son beau-frère[7].

Hier nous avions notre première réunion des Actionnaires de la blanchisserie de Vieux-Thann. Après l’on a dîné chez moi, nous n’étions que 7 & Thérèse[8] s’est bien acquitté de sa mission.

La pluie est à l’ordre du jour, l’on jouit lorsque l’on a un rayon de soleil, il ne fait heureusement pas froid & tout pousse à souhait. le jardin commence à être délicieux.

Mme Berger[9] croyait que ses filles[10] ne sont pas trop contentes à Paris, d’après quelques petits mots qu’elle trouvait dans l’une de leur lettre, mais il paraît qu’elle se trompe, je n’ai pas vu Mme B. & ne sais pas pour qu’elle époque elle ira chercher ses filles.

Je ne t’ai pas remercié de ta bonne lettre & celle de ta sœur[11]. Il faut que vous sachiez pour la millième fois que ces missives sont toujours les bien venues.
Il ne me reste qu’à vous embrasser & de vous prier de dire beaucoup de choses affectueuses à Oncle & tante[12].
ton père qui t’aime bien
ChsMff

Je crois que tu feras bien d’écrire à Jeanne Henriet ne lui fais pas trop de compliments la pauvre fille !


Notes

  1. Papier à en-tête : CHARLES MERTZDORFF
  2. Au Moulin vivent Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  3. Léon Duméril, en voyage de noces.
  4. Georges Duméril.
  5. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  6. Jeanne Henriet.
  7. Marie Henriet et son époux Léopold Zurcher.
  8. Thérèse Neeff, cuisinière chez Charles Mertzdorff.
  9. Joséphine André, épouse de Louis Berger.
  10. Marie et Hélène Berger.
  11. Emilie Mertzdorff.
  12. Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 24 avril 1877. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_24_avril_1877&oldid=40880 (accédée le 18 décembre 2024).

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