Mardi 22 mai 1888
Lettre de Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Montmorency) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en Alsace ?) avec quelques mots de la petite Jeanne de Fréville
Mardi 22 Mai[1]
Il me semble que ce sont des litanies que nous t’écrivons, chère enfant & que nous paraphrasons Sainte-Jeanne, Saint-Robert, Saint-Charles[2] etc. etc. Le fait est que tes 3 enfants sont très sages & parfaitement obéissants. Sauf quelques larmes de dédé[3] parce qu’on lui marche sur les doigts ou autres malheurs du même genre, il n’y a pas le plus petit nuage & les nuits se passent aussi bien que les jours, ils courent dans le jardin avec assez d’entrain pour que le soir arrivé le sommeil ne se fasse pas attendre & cela dure jusqu’au matin sans qu’ils ouvrent les yeux. Ton oncle[4] nous a quittés à 8h1/2, il était obligé d’assister à la 1ère séance des Sociétés savantes aussi ta lettre est-elle arrivée trop tard & elle est là toujours fermée, pour que Marthe[5] l’emporte ce soir. J’ai hésité déjà 2 fois à l’ouvrir pensant qu’elle renferme peut-être quelque indication pour ton retour, je ne l’ai pas fait, mais je ne promets pas que je résisterai à la 3e tentation.
Il est probable que c’est moi qui te ramènerai tes enfants Jeudi afin de profiter de ce voyage à Paris pour aller voir ma pauvre belle-sœur[6], en laissant ici ta tante Louise[7] ; car il faut que mon mari[8] ne soit pas abandonné, tout n’est pas facile à concilier & on fait mille projets avant de s’arrêter, je ne dirai pas au meilleur, ce serait trop demander, mais à un passable. Le chagrin de ma belle-sœur est si profond, si complet que j’aurais voulu être un peu auprès d’elle & dès Samedi il m’a fallu partir ! Émilie[9] passera à Paris sans que je puisse la voir, dis-lui que je le regrette bien & d’autant plus qu’elle ne reviendra pas, probablement d’ici à quelque temps.
Ma chère maman il fait beau à montmorency ce matin j’ai travaillé.
Jeanne
Adieu chère enfant mes tendres amitiés pour Émilie & toi & bons souvenirs à vos maris[10].
CME
Ce que ton oncle a fait pendant les 2 jours où il est resté ici est incroyable !
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Les trois ainés de Marie Mertzdorff sont : Jeanne, Robert et Charles de Fréville.
- ↑ Dédé, probablement Charles de Fréville.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas.
- ↑ Noëlie Dumas, veuve d'Hervé Mangon († le 17 mai 1888).
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart et sœur de Marie.
- ↑ Marcel de Fréville et Damas Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mardi 22 mai 1888. Lettre de Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Montmorency) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en Alsace ?) avec quelques mots de la petite Jeanne de Fréville », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_22_mai_1888&oldid=53061 (accédée le 21 novembre 2024).
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