Mardi 19 août 1890

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Le Houssay dans l'Orne)


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Paris 19 Août 1890[1]

Mille remerciements, ma chère petite Marie pour la bonne lettre que tu viens de m’écrire, il m’est doux de te suivre dans les divers endroits où tu t’es trouvée. A Launay auprès du cher oncle[2], un second père pour toi, auprès de la si excellente jeune femme Marthe Dumas[3], tu as passé de délicieux moments, et à présent que tu es auprès de M. et Mme Villermé[4], de ces bons parents qui sentent si bien les liens de famille, ton cœur reconnaissant voudrait exprimer l’affection que tu ressens pour chacun d’eux en particulier. Jamais je ne pense à Madame Villermé sans ressentir un doux attendrissement, peut-on en effet trouver plus de bonté, d’attentions délicates ; elle et Madame de Fréville[5] ont dans la vie le même but qui est d’être utile et de faire des heureux.

A l’instant on m’apporte une lettre de mon cher fils[6] que je vais te copier afin de te mettre bien au courant des santés : Ma chère maman, je puis te donner de bien meilleures nouvelles de la santé d’André[7] qui s’est levé aujourd’hui et est resté plusieurs heures assis dans un fauteuil. Il continue seulement à être astreint à un régime d’alimentation exclusivement liquide, bouillon et lait. Marie[8] par contre a été atteinte de la même indisposition (entérite membraneuse) et la voilà couchée depuis trois jours sans grande fièvre, mais obligée aussi de suivre un régime très sévère. Ces indispositions sont longues et demandent lorsque l’état aigu est passé beaucoup de ménagements si l’on veut obtenir une guérison complète. Mon beau-frère[9] engage beaucoup ma femme à aller encore, si possible, cette année faire une petite saison à Plombières en compagnie d’André. Je n’ai pu me rendre à Paris ainsi que j’en avais l’intention au commencement de ce mois, attendu que M. Jaeglé[10] s’est absenté, il est en ce moment à Baden-Baden avec toute sa famille. Mon beau-frère est parti Samedi soir rejoindre un de ses chefs en Suisse où il passera une huitaine.

Tu vois ma chère petite Marie qu’à Vieux-Thann, les santés sont de nouveau ébranlées. Marie Léon est admirable de courage et de résignation, elle a beaucoup souffert en voyant son pauvre enfant malade. Espérons qu’on ne tardera pas à triompher du mal, mais hélas ! ces santés si chères sont délicates et bien souvent atteintes.

Je pense beaucoup à notre bonne Émilie[11] dont l’état exige des ménagements, ses trois enfants et Julia[12] atteints par la coqueluche lui causent de la préoccupation et de la fatigue. J’aspire au moment où nous serons tous réunis à Brunehautpré, quant à moi, je ne puis pas encore songer à partir parce que à la suite d’une purgation je me suis sentie très fatiguée, j’ai même eu le vif regret de ne pouvoir me rendre à l’église Vendredi et Dimanche derniers ; aujourd’hui je me sens infiniment mieux et j’espère ne pas tarder à reprendre mon état normal. Ma sœur[13] est toujours la même, se dévouant sans cesse, hier pour complaire à son petit-fils[14] elle a été avec lui au grand opéra. Je vous embrasse tous comme je vous aime mes chers enfants et me rappelle au bon souvenir de Monsieur et Mme Villermé.

Félicité Duméril


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Alphonse Milne-Edwards.
  3. Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas.
  4. Louis Villermé et son épouse Antonie du Moulin de La Fontenelle.
  5. Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville.
  6. Léon Duméril.
  7. André Duméril, fils de Léon.
  8. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril (« Marie Léon »).
  9. Le docteur Henri Stackler.
  10. Frédéric Eugène Jaeglé.
  11. Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart, et mère de Jacques, Lucie et Madeleine Froissart. Elle est enceinte de Michel Froissart, qui naîtra en janvier 1891.
  12. Julia, employée par les Froissart ?
  13. Eugénie Duméril, veuve d'Auguste Duméril.
  14. Léon Soleil.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Mardi 19 août 1890. Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Le Houssay dans l'Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_19_ao%C3%BBt_1890&oldid=53243 (accédée le 26 avril 2024).

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