Mardi 16 décembre 1879
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 16 Décembre 79
Un mot seulement, mon cher Papa, car je pense que tu seras bien aise d’apprendre demain matin qu’oncle[1] va mieux et que son indisposition d’hier n’était bien qu’un trouble occasionné par le froid et non le commencement d’une maladie sérieuse comme la violence avec laquelle il a été pris donnait peut-être lieu de le craindre. M. Dewulf[2] avait été même un peu effrayé et avec sa bonté ordinaire il est venu trois fois hier mais pour constater chaque fois que cela allait mieux et déclarer le soir que ce n’était rien du tout ce qui fait toujours bien plaisir à entendre. Aujourd’hui oncle ne souffre plus de l’estomac mais il a encore mal à la tête et est extrêmement fatigué comme cela se conçoit ; il a passé toute sa journée dans son lit mais il se lève en ce moment car il tient absolument à descendre à 4 heures à l’assemblée des Professeurs malgré toutes les exhortations de la Prudence qui parle par la voix de tante[3] et de M. Edwards[4]. Oncle prétend qu’il est mieux debout ; du reste il n’a pas trop mauvaise mine et j’espère que demain il sera de nouveau tout à fait lui-même ; seulement nous tâcherons qu’il se ménage encore pendant quelques jours et qu’il n’aille pas au froid.
Le vilain froid ! le voilà de nouveau qui nous montre les dents il gèle dur depuis 2 jours, et cette gelée ne va-t-elle pas atteindre tes projets ? Nous qui nous réjouissons tant à la pensée de te voir Jeudi ! J’attends avec impatience une lettre de toi nous disant ce que tu as résolu et je fais des vœux pour que la température s’adoucisse de nouveau.
Nous avons été ce matin voir bonne-maman Desnoyers[5], elle ne va pas mal mais tousse toujours et bon-papa aussi est très enrhumé.
On reçoit souvent des nouvelles de Cannes qui sont assez bonnes. Il paraît seulement qu’ils ont 2 ou 3° de froid et qu’ils gèlent dans leurs petites chambres d’hôtel dont le chauffage est très mal organisé. Mme Dumas[6] est retournée à l’hôtel Beau Rivage et elle a depuis 2 jours auprès d’elle M. et Mme de Sacy[7] qui ont quitté Rome et qui font une étape à Cannes avant d’affronter nos climats sibériens. M. de Sacy ne va pas mal. Jean[8] fait de longues promenades avec M. l’abbé Clair son précepteur qu’il dit très bon et dont il paraît fort content.
Adieu, mon bon Père chéri, je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime et comme je me réjouis tant de le faire bientôt en réalité.
deine Grosse,
Marie
Nous embrassons bien bon-papa et bonne-maman[9] qui doivent bien souffrir du froid sur la longue et éventée route du Moulin. Je pense souvent le soir à pauvre bonne-maman quand je la crois en marche au milieu de la neige pour venir embrasser sa petite-fille[10]. Tante a reçu ce matin la bonne lettre de bonne-maman dont elle la remercie mille fois.
Que de mariages cette année !!!
Notes
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Le docteur Louis Joseph Auguste Dewulf.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Alfred Silvestre de Sacy et son épouse Cécile Audouin ?
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Hélène Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 16 décembre 1879. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_16_d%C3%A9cembre_1879&oldid=56349 (accédée le 15 novembre 2024).
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