Mardi 12 juillet 1808
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens)
N° 190
12 Juillet 1808
Mes chers parents,
je vous ai bien peu écrit dans ces derniers temps parce que j'ai été fort occupé. Auguste[1] vous dira la vie que je mène aujourd'hui même que j'avais l'intention de converser un peu longuement avec vous ce n'est qu'à neuf heures du soir que j'en trouve le loisir. je ne vous donnerai pas de nouvelles de nos santés elles sont excellentes. ma femme[2] est sortie pour la seconde fois aujourd'hui son fils Constant Louis Daniel a grossi prodigieusement depuis son entrée dans le monde[3]. il tète et dort, voilà toute sa vie.
nous sommes dans l'embarras pour la domestique. ma femme a arrêté hier une nouvelle bonne pour l'enfant la première restant cuisinière et moi je me suis arrangé tout à l'heure avec un domestique allemand le nôtre ayant demandé son congé pour voyager, dit-il. il était un peu insouciant mais probe ce qui nous le fait jusqu'à un certain point regretter.
Auguste a assisté ce matin à ma 18e leçon au jardin des plantes. j'ai un auditoire fort distingué et très nombreux en raison de l'ingratitude du sujet que j'ai à traiter. je suis assez content de moi parce que j'ai la certitude que je suis parvenu à intéresser et que je me sens maintenant au-dessus de ma besogne.
M. Tenon, l'un des membres de la section de zoologie et anatomie de l'institut a été grièvement malade la semaine dernière d'une rechute de fièvre pernicieuse. ces accidents étaient d'autant plus fâcheux que le bonhomme a près de 90 ans. il est convalescent. S'il fut mort j'eusse été dans une nouvelle crise à cause de l'absence de M. Geoffroy[4] qui est au Portugal.
En parlant de ce dernier il y a près d'un mois qu'on n'en a reçu de nouvelles mais on attribue ce silence à la difficulté qu'ont maintenant les courriers isolés pour traverser l'Espagne.
Ma femme profitera d'un premier bon jour où elle aura un instant de loisir pour écrire à Maman. elle me charge de l'embrasser ainsi que toute la famille. nous avons chargé auguste de notre commission à cet égard.
Veuillez nous rappeler à l'amitié de notre oncle Duval, de sa bru et du cousin[5].
C. D.
12 juillet soir
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p.23-25)
Annexe
A Madame
Madame Duméril
A Amiens
Pour citer cette page
« Mardi 12 juillet 1808. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_12_juillet_1808&oldid=40674 (accédée le 21 novembre 2024).
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