Mardi 10 octobre 1876

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris)

original de la lettre 1876-10-10 pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-10-10 pages 2-3.jpg


Vieux-Thann 10 8bre 1876.

Merci mille fois, ma bonne Aglaé ! de la lettre que tu as remise pour moi à notre cher Charles[1] qui nous a dit avoir laissé toute la famille en bonne santé, mais que toi tu ne prenais pas assez de précautions et de soins pour faire passer l’indisposition si pénible que tu as dans ce moment. Léon[2] vient d’avoir la même chose et grâce à deux jours de bons soins et de repos, le voilà remis, pourquoi chère Aglaé, repousser toujours pour toi les moyens qu’on te prie d’employer ; je t’en prie, soigne-toi par attachement pour tous ceux qui t’aiment et Dieu sait si nous devons être comptés dans ce nombre. Tout ce que tu me dis au sujet des études de nos chères petites filles[3] nous intéresse vivement, combien tu as raison de faire les choses avec calme et de ne pas compliquer ni surcharger le travail. J’embrasse bien fort nos chéries qui sont toujours présentes à ma pensée et pour lesquelles il m’est si doux de prier Dieu chaque jour.

Je suis triste que Mademoiselle Mathilde[4] n’ait pas rapporté un meilleur résultat de sa cure, et je le suis aussi en sachant que sa sœur jumelle[5] soit tombée, depuis ses couches, dans un état de faiblesse dont elle paraît, dit-on, ne pas se relever. Mon frère et Paul[6] ne doivent pas tarder à arriver ici, cette grande question de ce mariage qui m’a tant souri, sera examinée de nouveau.

Charles est très occupé ; des travaux divers appellent son attention, et dans les circonstances présentes rien de mieux  pour lui que le travail. Quand le cœur est triste de l’absence de ceux qu’on aime, une occupation continuelle est le meilleur remède à y apporter.

La dernière lettre de ma sœur[7] me disait qu’Adèle[8] n’a plus bonne mine, qu’elle souffre presque constamment de maux de tête. Elle s’en était depuis plus d’une année débarrassée à Besançon. Une foulure au pied qu’elle s’est faite à Granville en tombant lorsqu’elle tenait Augustin[9] dans les bras, l’empêche de prendre l’exercice qui lui serait nécessaire. Le petit Léon a repris les leçons de latin et Marie[10] en recevra de piano.

Mon mari[11] profite toujours du beau temps que nous avons pour faire de longues courses dans la campagne. Cet exercice si salutaire à la santé lui donne bon appétit et bon sommeil.

Quant à l’affaire dont je t’ai entretenue à Biarritz[12] nous ne savons rien de nouveau Madame Mantz[13] n’a sans doute pas encore trouvé le moyen d’une réunion. Jules Roederer[14] lorsqu’il sera à Mulhouse où il est attendu sous peu, saura peut-être organiser quelque chose qui permettrait aux jeunes gens de se voir. Notre pauvre Léon a eu trente six ans le 3 de ce mois tu vois qu’il est bien temps qu’il se marie. Puisse-t-il trouver une femme bien élevée, bonne, intelligente, et aimable.

Adieu bien chère Aglaé nous t’embrassons de tout cœur ainsi que M. Alphonse[15] et nos chères petites et te chargeons de nos meilleures amitiés pour tes chers parents[16] et tes aimables sœurs[17]

Félicité Duméril

Souvenirs respectueux de notre part à Madame Trézel[18] et à Monsieur Edwards[19].


Notes

  1. Charles Mertzdorff.
  2. Léon Duméril, son fils.
  3. Marie et Emilie Mertzdorff.
  4. Mathilde Arnould.
  5. Lucy Arnould, épouse d’Alfred Biver.
  6. Charles Auguste Duméril et son fils Paul Duméril. Il était question d’une union entre Paul Duméril et Mathilde Arnould.
  7. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril, mère d’Adèle.
  8. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil.
  9. Auguste Soleil.
  10. Léon et Marie Soleil.
  11. Louis Daniel Constant Duméril.
  12. Le mariage de Léon Duméril avec Marie Stackler.
  13. Emilie Sophie Caroline Mantz, épouse de Jules Roederer.
  14. Jules Emile Roederer.
  15. Alphonse Milne-Edwards.
  16. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.
  17. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  18. Auguste Maxence Lemire, veuve de Camille Alphonse Trézel.
  19. Henri Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 10 octobre 1876. Lettre de Félicité, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_10_octobre_1876&oldid=52393 (accédée le 18 décembre 2024).

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