Lundi 6 juin 1859

De Une correspondance familiale


Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Félicité Duméril (Paris)


Original de la lettre 1859-06-06-pages1-4.jpg Original de la lettre 1859-06-06-pages2-3.jpg


Vieux-Thann

6 Juin 1859

Lundi matin

Ma chère Maman

Ce sont de bonnes nouvelles que j'ai le plaisir de pouvoir te donner aujourd'hui mais je fais comme papa[1] me l'a recommandé c'est-à-dire que je ne vous envoie que quelques lignes mais avec la promesse de vous écrire une vraie lettre un de ces jours. La petite[2] va à merveille, elle mange trois soupes par jour et tète dans les intervalles, elle est bien mieux depuis qu'elle est mieux nourrie, la pauvre enfant souffrait de la faim ; elle est grosse et grasse tout le monde le dit, elle rit bien gentiment et commence à nous reconnaître, enfin nous en sommes tous un peu fous. Moi je vais bien aussi, à part un vilain clou qui m'est venu à la jambe droite et m'a donné du malaise et un peu de fièvre ces jours-ci, il s'est ouvert ce matin. Nous avons un bien triste temps et des orages continuels qui font du tort à la terre et aux gens chacun s'en ressent plus ou moins.

Nous avons été bien heureux de la bonne lettre de papa à laquelle Charles[3] va répondre, je ne puis te dire combien je suis contente à l'idée d'avoir ici mon cher petit frère[4].

Nous avons les peintres depuis huit jours, nous avons choisi les papiers et les perses[5] pour là-haut, cela va aller et nous comptons écrire aujourd'hui aux Latham pour les inviter.

J'ai été bien attristée des nouvelles de cette pauvre Isabelle[6], qui sait si ce mariage de raison n'a pas hâté son mal

Hier nous avons eu la visite de M. et Mme Kestner[7], très aimables beaucoup de choses pour toi, si j'ai mes chapeaux Mercredi j'irai les voir ils partent cette semaine pour tous les coins du monde (pas mes chapeaux, M. et Mme Kestner)

Adieu mes chers parents je vous embrasse du fond du cœur ainsi que baby à qui l'on parle tous les jours de son bon-papa et de sa bonne-maman.

Votre fille

Crol

Melcher[8] va venir prendre ma lettre, je vous écris en déjeunant, excusez cet affreux griffonnage.

Les Heuchel[9] sont toujours plus ou moins souffrants


Notes

  1. Louis Daniel Constant Duméril.
  2. Marie Mertzdorff, née le 15 avril 1859.
  3. Charles Mertzdorff, mari de Caroline.
  4. Léon Duméril.
  5. Toiles peintes.
  6. Le 10 février 1858, Isabelle Dunoyer, âgée de 26 ans, a épousé François Albert Degrange Touzin, veuf âgé de 47 ans.
  7. Marguerite Rigau et son époux Charles Kestner.
  8. Melchior Neeff, concierge chez les Mertzdorff.
  9. Georges Heuchel, oncle maternel de Charles Mertzdorff, et son épouse Elisabeth Schirmer.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 6 juin 1859. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa mère Félicité Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_6_juin_1859&oldid=58351 (accédée le 26 avril 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.