Lundi 20 mars 1882
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
20 Mars 1882,[1]
Mon cher Papa,
Il me semble, d’après ta dernière lettre, que tu dois être aujourd’hui à Colmar, c’est pourquoi je ne t’ai pas écrit hier, mais je pense que ton voyage ne se prolongera guère et que mon épître te trouvera demain à Vieux-Thann. Pauvre père, quel ennuyeux voyage pour toi.
J’ai été interrompue ce matin par ma leçon d’allemand[2], puis il a fallu partir vite, vite pour aller chez M. Flandrin[3] et me voilà encore pressée par l’heure de la poste.
Tu ne sais pas combien je suis contente en ce moment, Jean[4] est ici tout à fait à demeure. Il y a une fièvre typhoïde au-dessous de l’appartement de tante Cécile[5] et Jean étant si mal entrain, on craindrait craint la contagion, c’est pourquoi il est ici depuis hier et y restera peut-être jusqu’à son départ. Il n’est pas trop mal en ce moment quoiqu’encore bien fatigué: il ne fait plus rien, sinon manger, dormir, faire de petites promenades et se reposer, pendant que sa pauvre mère bat le pavé de Paris pour préparer tout pour son départ.
Hier nous avons eu une bien amusante journée. Nous avons déjeuné chez Marie[6] pour le 1er anniversaire de Jeanne. Cette petite demoiselle a été fort gentille et très aimable pour sa famille. Elle fait maintenant toute la longueur du jardin à pied sans qu’on lui donne la main et sans chute, la voilà tout à fait partie. Marcel[7] est parti de très bonne heure pour la Cour car il a en ce moment un travail très pressé et il y avait déjà passé toute la matinée. Oncle[8] l’a suivi de près, mais tante[9] et moi nous sommes restées avec Marie jusqu’à 4h passées. Elle avait tant de choses à dire et à montrer !
Adieu père chéri, je n’ai plus que le temps de t’embrasser, ce que je fais de tout mon cœur.
Émilie
Tante voudrait bien que tu envoies l’acte mortuaire de maman[10] dont on a besoin. Elle désire aussi beaucoup que tu cherches du piqué[11] pareil aux échantillons dans l’armoire du grenier et que tu en envoies 6 ou 8 m de chaque, elle C’est pour faire des manteaux à Jeanne qui n’en a que de trop chauds.
Notes
- ↑ Lettre sur papier-deuil.
- ↑ Leçon d'allemand avec Mlle Jacobsen.
- ↑ Paul Flandrin, professeur de dessin.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, et mère de Jean Dumas.
- ↑ Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville, sœur d’Émilie et mère de Jeanne de Fréville.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Caroline Duméril, première épouse de Charles Mertzdorff, mère de Marie et Emilie. Ou bien Eugénie Desnoyers, seconde épouse, qui a élevé les deux sœurs ?
- ↑ Le piqué est un textile de coton, généralement blanc, avec des petits motifs géométriques en relief.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Lundi 20 mars 1882. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_20_mars_1882&oldid=40367 (accédée le 21 novembre 2024).
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