Vendredi 17 mars 1882
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
17 Mars[1]
Mon cher Papa,
Je m’apprêtais hier à prendre la plume pour t’écrire lorsque Émilie[2] est arrivée me faire une petite visite avec bonne-maman[3] et m’a appris qu’elle avait déjà commencé une lettre pour toi, j’ai pensé alors qu’il valait mieux espacer les nouvelles et remettre à ce matin le plaisir de venir causer avec toi. Malheureusement ce matin je n’ai pas commencé ma journée aussi tôt que j’en avais l’intention hier (cela m’arrive souvent) et me voilà obligée de me presser beaucoup ; j’ai joué avec Jeanne[4], je l’ai regardée courir dans sa chambre car tu sauras mon cher Père que ta petite-fille te ménage des surprises et que tu la retrouveras trottant toute seule sans jamais se fatiguer. Par ce beau temps-là elle passe de longues heures dehors ainsi ce matin elle vient déjà d’aller jouer dans le petit jardin[5] ; ce bon jardin commence à devenir fort agréable et nous l’apprécions de plus en plus. Quand donc viendras-tu admirer tout cela ? J’espère que ce sera bientôt. Faut-il, mon cher petit Papa, que je te dise un projet bien vague que nous caressons depuis quelques jours mais autour duquel nous voyons encore bien des obstacles ? Devines-tu qu’il s’agirait d’aller passer avec toi nos vacances de Pâques si toutefois Marcel[6] en a, ce qu’il ne sait pas encore et ce qui est le point capital. Ce ne serait pas bien long mais ce serait malgré tout bien gentil. Qu’en penses-tu ? Nous Si dans quelques jours nous voyons que nous pouvons donner un peu de consistance à cette bonne idée je t’en parlerai ; mais de ton côté mon Père chéri, réfléchis à ce qui pourrait entraver ou faciliter notre petit voyage ; n’y a-t-il plus de maladies contagieuses ? Ne ferait-il pas trop froid pour Jeanne ? Je te demanderais peut-être de m’accompagner pour un des trajets car Marcel devra prendre comme chaque année un peu de temps pour aller aux fermes de Normandie et je resterais avec toi pendant ces 2 ou 3 jours soit au commencement, soit à la fin. Enfin cher Papa, je te livre toutes ces pensées bien peu arrêtées encore, je te prie de ne pas trop y songer car je te le répète nous ne savons pas s’il ne faudra pas y renoncer, toujours est-il que cela nous ferait un grand plaisir et je crois que tu n’en serais pas fâché non plus. Il fait trop beau malheureusement ces jours-ci, je crains que nous ne puissions conserver cette chaleur jusqu’en Avril.
J’ai tant bavardé sur notre désir d’aller à Vieux-Thann, mon cher Papa, qu’il ne me reste plus le temps et la place de dire autre chose. Nous allons tous à merveille et nous t’embrassons ce tout notre cœur.
ta fille
Marie
Dimanche pour la fête de Jeanne nous aurons toute notre famille ici, les uns à déjeuner, les autres à dîner ; que ne peux-tu être aussi des nôtres ?
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 17 mars 1882. Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_17_mars_1882&oldid=35811 (accédée le 15 novembre 2024).
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