Lundi 1er mai 1843 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre d’Auguste Duméril (Lille) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris)


d’André Auguste Duméril.

1er Mai 1843.

Tu vois, ma chère et bonne petite mère, par cette lettre, combien est détestable le caractère de ma tante[1], et aussi, combien est parfaite Félicité[2] ; peut-on mieux dire les choses, sans faire peser de blâme sur une personne qui a de si grands torts. Pour tous, la journée d’hier a été charmante, sans doute, mais pour moi, elle a été délicieuse : j’ai offert le bras, pendant toute la promenade, à ma bonne et charmante cousine[3], et j’ai mieux apprécié encore tout ce qu’il y a de parfait et d’aimant dans cette âme. Aussi, étais-je bien heureux de penser que j’avais encore une journée toute entière à passer auprès d’elle. Mais ce matin, ma tante m’a pris à part, et a renouvelé les scènes qui s’étaient déjà précédemment passées, et j’ai eu bien des efforts à faire, pour ne pas répondre à ces sots discours, comme ils le méritaient ; mais ce qui a le plus bouleversé Eugénie et mon pauvre oncle[4], c’est qu’étant sorti brusquement, ayant saisi une occasion fortuite, sans pouvoir prévenir personne, cette pauvre amie a cru, ainsi que son pauvre père, que c’était, poussé à bout, que j’avais quitté ma tante. Eugénie est encore toute renversée de cette aventure, et s’afflige pour moi, plus qu’elle ne devrait le faire, de me voir en butte à de semblables algarades. Une visite chez un abbé[5], chez lequel elle n’avait pas encore été, vient de remonter un peu ma tante, mais ce n’est pas fini. Que tout cela est déplorable. Nous venons d’arrêter pour toi une grande chambre très belle, faisant salon, avec trois fenêtres et une alcôve, qui peut se fermer à volonté. Cette alcôve contient deux lits, mais nous avons retenu en outre pour papa[6] une chambre voisine de la tienne. Il n’y en avait pas deux contiguës. Mais je crois que tu seras fort bien dans cet appartement.

Adieu, ma chère et bonne maman, recevez, papa et toi, les tendres embrassements de votre très affectionné fils.

A. Aug. Duméril.

La famille de ma tante[7] se conduit parfaitement à mon égard, et j’en suis très reconnaissant. Mille tendres amitiés à Constant[8].

Mon oncle désire beaucoup être rappelé à votre souvenir. Je pars demain matin à 8 heures, et serai à la maison mercredi à la même heure, à peu près.


Notes

  1. Alexandrine Cumont est peu favorable au mariage de sa fille Eugénie avec son cousin Auguste Duméril.
  2. Félicité Duméril.
  3. Eugénie Duméril.
  4. Auguste Duméril (l’aîné).
  5. L’abbé Bernard (voir lettre suivante)
  6. André Marie Constant Duméril.
  7. La famille Cumont.
  8. Louis Daniel Constant Duméril, frère d’Auguste.

Notice bibliographique

D’après le livre de copies : lettres de Monsieur Auguste Duméril, 1er volume, p. 388-390

Pour citer cette page

« Lundi 1er mai 1843 (B). Lettre d’Auguste Duméril (Lille) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_1er_mai_1843_(B)&oldid=40345 (accédée le 25 avril 2024).

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