Lundi 10 juillet 1865

De Une correspondance familiale

Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (à Strasbourg, en voyage) à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann), avec quelques mots de Charles


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Strasbourg

10 Juillet 1865

Lundi 10 h

Ma chère petite Mimi,

pendant que ton papa[1] fait ses affaires moi je viens causer avec mes chères petites filles que j’aime tant.

J’ai été bien contente ce matin de la sagesse de mes deux chéries[2] ; je suis sûre qu’à notre retour il n’y aura que des excellents à marquer sur les petits cahiers.

Nous avons fait très bon voyage en compagnie de Parrain[3]. La pluie est juste tombée assez pour rafraîchir le temps, et pour notre arrivée à Colmar le soleil brillait ; aussi est-ce sous un de ses plus beaux rayons que nous avons vu la maison de tante Zeapffel[4]. Voilà qui est avoir du bonheur. Je te charge de dire à tante que je suis encore éblouie de ce que j’ai vu ce matin, que la maison est tout à fait schön que le jardin est délicieusement dessiné ; que la grille est des plus élégantes ; que les écuries sont dignes de figurer, comme repos de chasse, au milieu d’un parc anglais ; qu’enfin papa et maman on trouvé tout si joli qu’il n’y a qu’une chose qui les attriste c’est de penser combien M. et Mme Zeapffel doivent faire de jaloux. Mais soyez tranquilles, mes chéries, vous viendrez, avec bonne-maman[5] voir toutes ces belles choses.

Je t’écris, ma Mie, sur mes genoux, dans une voiture, et le cheval a, sans doute, quelques mouches qui le tourmentent, car il ne cesse de remuer ; ma lettre ne peut donc pas être une page d’écriture, mais elle te prouvera que ta petite maman pense toujours à toi et à ta petite sœur !

Ma petite femme de chambre de ce matin m’a été bien utile, tout est très bien emballé et je compte sur ma petite Founi pour défaire les petits paquets si bien faits par ma Mimi.

Kehl – Midi – Du buffet.

Vous connaissez toutes deux, mes chères fillettes la salle où je vous écris en attendant qu’on nous serve un potage destiné à réchauffer nos petits estomacs qui n’ont rien pris depuis le déjeuner du Vieux-Thann et que j’ai partagé avec Mie.

Nous sommes venus en voiture jusqu’ici et à 2 h nous nous dirigerons vers Bade ; nous irons voir si les chapeaux rouges sont toujours à la même place et demain nous revenons à la maison à 10 h. Nous vous embrasserons pendant que vous dormirez, si vous rêvez qu’on vous embrasse ne croyez pas que c’est un mauvais rêve, ce sera papa et maman qui viendront voir si leurs petits choux dorment bien.

Dis à bonne-maman que papa a vu sa machine et, qu’avant de se diriger vers Bade, il s’est occupé des affaires sérieuses ; et que nous ne nous laisserons pas entraîner aux séductions de la ville enchanteresse et que demain soir nous rentrerons très probablement à la maison.

Embrasse bonne-maman et Tante pour nous et que Founi fasse la moitié de la commission, l’une est chargée de représenter papa et l’autre maman.

Obéissez bien à votre bonne Cécile[6] et dites-lui de bonnes choses de ma part.

Adieu, mes Enfants chéries,

Papa et maman vous embrassent fort beaucoup fort.

Ta petite mère

Eug. Mertzdorff

Je ne veux pas que la lettre de Maman vous parvienne sans que je vous prie d’embrasser bonne-maman, tante, & vous embrasser chéries comme je vous aime,

Votre papa

Charles

J’espère que tu n’oublieras pas de faire bien des amitiés à oncle Georges[7] et à cousin Georges[8] de notre part.


Notes

  1. Charles Mertzdorff.
  2. Marie Mertzdorff et sa petite sœur Émilie (Founi), filles de Charles.
  3. Edgar Zeapffel, parrain de Marie Mertzdorff.
  4. Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zeapffel et sœur de Charles.
  5. Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff et mère de Charles.
  6. Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
  7. Georges Heuchel, oncle de Charles.
  8. Georges Léon Heuchel, fils de Georges.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 10 juillet 1865. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (à Strasbourg, en voyage) à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann), avec quelques mots de Charles », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_10_juillet_1865&oldid=52180 (accédée le 18 décembre 2024).

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