Jeudi 9 juin 1904
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Il faut absolument, ma petite Mie, que je vienne te remercier encore de cette bonne surprise que tu m’as faite hier soir et dont je suis si profondément touchée. Que tu as été bonne, ma chérie de venir nous attendre et de nous transporter si vite d’une gare à l’autre. Nos estomacs t’en sont très reconnaissants, mais nos cœurs bien plus encore et je ne puis te dire quel plaisir cela m’a fait de passer ces quelques instants avec toi et ta grande fille[2]. Je ne cesse de remercier le bon Dieu de m’avoir donné ces quatre jours si heureux dont j’ai tant joui et je me demande ce que j’ai fait pour avoir tant de bonheur pour être entourée de tant d’affections. J’en ai reçu tant de témoignages depuis Dimanche que j’en déborde. La joie de revoir mon cher mari[3], mon Jacques[4], notre bonne Marthe[5], toi, ma chérie et tous les tiens, cette bonne soirée passée chez toi, toute la tendresse dont tu m’entoures ; puis à Fontainebleau le bonheur de reprendre un peu la vie intime avec Damas, de revoir avec lui des endroits que nous aimons depuis bien longtemps ; l’affection si confiante de mon cher petit ménage, toutes les bonnes amitiés que j’ai retrouvées là-bas et qui sont si particulières à l’armée, cette vie militaire enfin que j’aime tant, tout cela doré par un beau soleil a fait de ces 4 jours une vraie oasis dans mon temps de veuvage. Je voudrais que la pauvre Marthe puisse en avoir autant !
En arrivant ici, j’ai trouvé des petites affiches très gentilles de mes garçons[6] me disant toute la joie qu’ils avaient de nous voir revenir, il y en avait une accrochée après la lampe dans le cabinet de Damas, une autre au rideau de mon lit et ce matin j’ai reçu un accueil bien affectueux.
Il pleut, il pleut sans arrêter depuis ce matin ; quel bonheur de n’avoir pas eu toute cette eau en voyage. J’aime à me persuader que c’est local et qu’il n’en tombe pas autant sur les tentes de Fontainebleau.
Pierre fait demain sa seconde communion, j’espère qu’il la fera aussi sérieusement que Françoise[7].
Adieu ma bonne chérie, je t’embrasse de tout cœur en te disant encore merci.
Je pense beaucoup à toi : tu m’enverras une dépêche, n’est-ce pas, aussitôt que l’événement sera arrivé.
Émilie
Mille tendresses à tes filles[8] et amitiés au papa[9], aux fils[10].
Notes
- ↑ Cette lettre date possiblement de 1904, si « l’événement » attendu est la naissance le 22 juin 1904 de Marguerite du Cauzé de Nazelle. D’autre part, Pierre Froissart, né en 1893, a l’âge de la « seconde communion » en 1904.
- ↑ Jeanne de Fréville, épouse de René du Cauzé de Nazelle.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Jacques Froissart, pensionnaire.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas.
- ↑ Michel, Pierre et Louis Froissart.
- ↑ Françoise de Fréville, née en 1892.
- ↑ Marie Thérèse et Françoise de Fréville.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Robert et Charles de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Jeudi 9 juin 1904. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_9_juin_1904&oldid=54892 (accédée le 15 novembre 2024).
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