Mercredi 13 juillet 1904
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Fontainebleau), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris ?)
Fontainebleau 13 Juillet[1]
Ma chère Marie,
Pas de dépêche hier, pas de lettre ce matin, qu’est-ce que cela signifie ? j’avais tant supplié Marie Thérèse[2] de m’écrire un mot en tous cas que je me raccroche à toutes les hypothèses pour me persuader que peut-être le résultat n’a pas été donné hier comme vous l’attendiez ou que dans la presse du départ vous avez oublié de nous écrire. Enfin je voudrais croire que votre silence n’est pas l’indice d’une mauvaise nouvelle. Enfin si par malheur cela était, je me dis pour vous ce que je me dirais en pareil cas (mais les mauvaises choses sont souvent plus difficiles à accepter pour ceux qu’on aime que pour soi-même) que, lorsqu’on a fait tout ce que l’on croyait bien, que l’effort a été sérieux et constant, il faut tâcher d’accepter ce qui arrive avec confiance, sans amertume. Nous savons si peu ce qu’il nous faut, et le bon Dieu qui voit les événements de haut et de loin le sait si bien : qui sait si une épreuve n’aura pas sur notre vie une influence plus grande et plus heureuse qu’un succès quelque justifié qu’il paraisse ?
J’espère que ton cher Robert[3] ne va pas trop se décourager ni non plus trop travailler, c’est peut-être un repos complet qui assurera le mieux son succès pour Novembre.
Mais de grâce écris-moi, nous ne faisons que penser à vous. Damas[4] me parlait déjà de Robert à 4h du matin ! En somme cette licence n’a d’importance pour lui qu’au point de vue du service militaire, mais l’école des Chartes suffira à l’en exempter, si toutefois le service de 2 ans n’est pas appliqué l’an prochain ; c’est du luxe pour lui et son insuccès ne brisera pas sa carrière comme celle d’un pauvre jeune homme à limite d’âge pour une école et forcé de choisir une autre voie. J’espère qu’il pense à tout cela et que vous ne vous désolez pas outre mesure.
Max[5] est ici depuis 1h de l’après-midi et nous reste toute la journée de demain. Damas est encore un peu fatigué, heureusement qu’il se repose demain encore, il n’a que la revue le matin. Comment va Françoise[6] ? êtes-vous partis[7] ? des nouvelles je vous en prie, des nouvelles ! Je compte sur Marie-Thérèse pour m’en donner.
Je t’embrasse ma chérie, encore plus tendrement si tu es triste.
Mille amitiés de Damas pour vous tous.
Émilie
Notes
- ↑ Lettre non datée, à situer en 1904 ou 1905 : Robert de Fréville entre à l’École des Chartes en 1903. Il sera licencié en droit.
- ↑ Marie Thérèse de Fréville.
- ↑ Robert de Fréville.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Maximilien Froissart.
- ↑ Françoise de Fréville.
- ↑ Les de Fréville passent l'été dans leur propriété de Livet (Orne).
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mercredi 13 juillet 1904. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Fontainebleau), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris ?) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_13_juillet_1904&oldid=55011 (accédée le 4 octobre 2024).
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