Jeudi 6 octobre 1814 (A)
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à ses beaux-parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens)
n° 229
Paris 6 Octobre 1814
Quoique vous ayez eu la nouvelle de notre heureux retour à Paris, mes très chers Parents, par une lettre de mon mari[1] à son frère Montfleury[2], je ne veux pas tarder à vous exprimer moi-même quelle jouissance a été pour nous notre petit séjour près de vous et quel a été notre regret de le voir si vite terminé ; il fallait bien l’obligation où nous étions de toute manière de revenir si promptement à Paris pour en prendre notre parti.
Je vous témoignerai mal quelle a été notre satisfaction de vous trouver jouissant d’une aussi bonne santé. J’espère que le mouvement autour de vous, et le changement dans les heures des repas, que notre présence a occasionnés, ne vous auront pas trop fatigués et dérangés. J’aime à penser que vous conservez un bon souvenir de notre petit Constant[3], pour lequel ce voyage a été une vraie jouissance. Je suis bien certaine que ce séjour à Amiens ne s’effacera jamais tout à fait de son souvenir. Il éprouve un peu de vide ici où il n’a plus de cousins et de cousines autour de lui, mais cela devait arriver ainsi, bientôt j’espère il se retrouvera dans son assiette ordinaire, et le mois prochain notre intention est, pour l’occuper, de lui faire donner des leçons d’écriture et autres, par une dame qui a un très bon ton, des manières douces et de l’instruction autant qu’il en faut pour conduire un enfant de cet âge.
Nous avons trouvé notre précieux petit Auguste assez bien, mais il a été réellement un peu malade pendant notre absence, ce qui a donné assez de souci à notre chère Maman[4] quoique elle ne me l’ait pas laissé connaître dans ses lettres. Enfin il est très bien dans ce moment, et il acquiert tous les jours des forces, de l’embonpoint et de la gaieté. Maman est assez bien et me recommande de vous présenter mille civilités de sa part.
Votre fils Constant est reparti hier pour Melun et revient demain soir. Trois jours après il repartira encore ce qui est loin de me réjouir[5].
Adieu mes très chers et excellents Parents. Veuillez dire mille choses très tendres de ma part à ma sœur[6] en lui renouvellent l’expression de notre reconnaissance pour toutes les bontés et les attentions qu’elle a eues pour nous ;
Veuillez aussi distribuer mille choses affectueuses de notre part à toute la famille et me conserver votre amitié qui m’est si précieuse. Je vous prie de recevoir l’expression de mon respectueux et tendre attachement.
A. Duméril
Nous sommes étonnés de ne point recevoir de lettre de mon frère Montfleury, qui devait nous écrire pour faire retenir des places à la voiture de Clermont à Paris. Apparemment qu’il se sera décidé à venir par quelqu’autre voie.
Notes
- ↑ André Marie Constant Duméril.
- ↑ Florimond dit Montfleury (l’aîné), frère d’AMC Duméril.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Marie Castanet, veuve de Daniel Delaroche, qui gardait son petit-fils Auguste Duméril à Paris.
- ↑ AMC Duméril part en tournée de jurys de médecine.
- ↑ Reine Duméril, sa belle-sœur ; Alphonsine appelle aussi « mon frère » son beau-frère Florimond dit Montfleury (l’aîné).
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 122-125)
Annexe
A Madame
Madame duméril
Petite rue Saint-Rémy n° 4
A Amiens
Pour citer cette page
« Jeudi 6 octobre 1814 (A). Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à ses beaux-parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_6_octobre_1814_(A)&oldid=40143 (accédée le 21 novembre 2024).
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