Dimanche 3 juillet 1814
Lettre de Michel Delaroche (Le Havre) à son épouse Cécile Delessert (Paris)
3 juillet 1814
Voici où nous en sommes pour les meubles et notre maison. Les peintres achèvent le premier étage qui était le dernier à faire. Demain ils passent en couleur les carreaux du second. Cela est nécessaire autrement ce carrelage s’use et tout se remplit de poussière.
Les boiseries du troisième sont peintes mais nous en resterons là pour le moment.
Les meubles ont été entreposés tout emballés au premier étage dans le salon et la salle à manger. Le peintre voudrait en être débarrassé avant de donner la dernière couche au premier étage. Je crois que nous ferons mieux à cause de la peinture d’habiter d’abord le second et j’y ferai en ce cas transporter les meubles nécessaires ou bien je t’attendrai mais dans tous les cas je ferai monter un ou deux lits au second pour que Paul[1] et moi puissions quitter notre auberge.
Toute la maison est très claire et jolie sauf la cuisine.
J’espère ma chère amie que tu ne te fatigues pas trop. J’ai besoin de détails sur toi, sur nos enfants[2], sur Magdeleine[3] dont la santé nous est si essentielle. L’idée que tu souffres que tu es agitée et fatiguée me tient dans un état de tristesse quand j’y réfléchis un peu de suite et il me faut pour me mettre l’esprit à l’aise que tu me rassures sur ces divers points.
Quant à moi je travaille tout le jour. Je m’agite aussi parfois. J’ai un mal de dent sourd depuis mon arrivée et je suis enroué et enrhumé, mais tout cela n’est pas grand chose et n’affecte point ma santé, mais je vais un peu me soigner et commencer ce soir par un lait de poule en me couchant.
Paul paraît très heureux et se plaire beaucoup au Havre.
Je vois avec peine que la maison de Nantes ne fait rien du tout et que si cela continue il faudra renoncer à cet établissement, mais il n’est pas juste cependant de s’effrayer si tôt.
Quant au Havre pour peu que cela continue nous n’avons pas lieu de nous plaindre.
Je n’ai rien fait pour les campagnes. Monsieur Lacoste qui demandait deux mille francs se radoucit mais j’ai dit que j’attendrais. J’en ai toujours une en vue à Saint-Adresse.
Monsieur Harry Dobrue de Guernesey a passé ici un jour avec sa femme. Je n’ai pu le voir qu’un instant. Tu sauras que la mise de madame Dobrue a été trouvée excessivement ridicule et qu’elle faisait à Guernesey le pendant des anglaises à Paris.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’extrait publié par Ludovic Damas Froissart, dans André Marie Constant Duméril, médecin et naturaliste, 1774-1860, 1984, p. 151-153.
Pour citer cette page
« Dimanche 3 juillet 1814. Lettre de Michel Delaroche (Le Havre) à son épouse Cécile Delessert (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_3_juillet_1814&oldid=60879 (accédée le 21 novembre 2024).
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