Jeudi 30 mars 1916
Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne)
30 Mars
Mon cher Louis,
Notre dépêche t'a appris que nous sommes dans l'incertitude de notre sort et la tienne est venue ce matin nous tranquilliser car c'eût été trop amer de te manquer.
Je vide mes armoires, les vôtres, méthodiquement afin que chacun retrouve ses affaires ; si c'est une peine inutile, tant mieux ; le rangement à fond aura toujours été salutaire, mais je suis persuadée que si Brunehautpré n'est pas occupé tout de suite, il le sera dans peu de temps. Le quartier général étant à Beaurepaire, c'est trop indiqué et trop commode pour qu'on y renonce. Nous conserverons la maison de Gaston[1] comme garde-meuble et aussi le billard, et dans la suite nous pourrons faire une installation à Dommartin.
Nous prenons part à tes inquiétudes relatives aux examens. Pauvres math. tu ne croyais pas qu'elles dussent te faire tant défaut ! Enfin si tu ne réussis pas, il faudra en prendre son parti... une fois de plus !
Nous avons eu hier une lettre de Pierre[2] du 22. Il est cantonné dans un faubourg de Verdun et fera, pour le tir, l'office de capitaine, celui-ci n'y connaissant rien et ne s'occupant que du côté administratif de la Batterie. Il paraît enchanté et plein d'entrain, il a beaucoup de travail. Rien de Michel[3] depuis les nouvelles données par Baleine Samedi.
Nous avons ici ton oncle Paul[4] avec Laure[5] et Edith[6]. Jules leGentil cantonne aussi à Verdun, il pourra probablement rencontrer Pierre.
Je suis contente que tu aies été reçu si aimablement par les Maure ; ils sont très-gentils et je comprends que tu aies goûté beaucoup ce petit semblant de réunion de famille.
On pose une ligne télégraphique de 24 fils entre Saint André où s'installe l'aviation et Montreuil, et de l'autre côté de la route 5 fils téléphoniques. Tout cela se plante dans les champs quand c'est plus commode.
L'oiseau fugitif[7] de Brunehautpré va revenir, paraît-il ; les parents ont reçu une lettre pleine de repentir. Mais cela ne fera pas repousser les plumes tombées !...
Ton papa[8] se joint à moi pour t'embrasser tendrement
EM
Notes
- ↑ Gaston Piollé, jardinier chez les Froissart, mobilisé.
- ↑ Pierre Froissart, frère de Louis.
- ↑ Michel Froissart, frère de Louis.
- ↑ Paul Froissart.
- ↑ Laure Froissart, fille de Paul et épouse de Jules Legentil.
- ↑ Probablement Edith Alice Ulrique Dambricourt, nièce de Paul Froissart.
- ↑ Yvonne de Sainte Maresville évoquée dans la lettre du 21 mars 1916.
- ↑ Damas Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 30 mars 1916. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_30_mars_1916&oldid=60149 (accédée le 10 octobre 2024).
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