Jeudi 27 mai 1880
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris)
27 Mai 1880
Ma chère Marie
Ta bonne lettre vient de me dire que vous allez tous bien, que la lune de miel continue, ce qui n’est que juste, & doit encore & toujours ? continuer pour tout ce qui dépend de vous.
Rien ne peut être plus heureux pour moi que de te savoir si heureuse & si contente, Marcel[1] en dit autant, pour un père c’est là son vrai & unique bonheur.
Hier j’ai écrit à Émilie[2] & à l’instant je lis une petite lettre d’elle qui me donne d’assez bonnes nouvelles. M. Edwards[3] a de la peine à se remettre ce qui tout naturellement inquiète toujours.
d’ici je n’ai que de bonnes choses à te dire ; Marie Léon[4] va aussi bien que possible mais il ne peut encore être question de se lever, elle est encore faible & enfin il faut des précautions grandes pour qu’il ne survienne aucune complication. C’est donc encore pour quelques semaines qu’elle est condamnée à rester chez sa mère[5]. Les sœurs sont toujours là jour & nuit & l’on paraît contente du Service.
Hier aussi j’ai eu la visite de sœur Bonaventure qui s’occupe du choix de 2 sœurs pour Vieux-Thann car sérieusement l’on travaille à l’ancien Presbytère pour en faire un petit bijou & de suite après lorsque mes locataires auront quitté la maison Guth l’on se mettra à [tout] l’approprier aussi. C’est une occupation qui m’amuse d’autant que j’espère faire quelque bien à mon village en attendant que je fasse davantage s’il y a lieu.
Ce n’est qu’hier que l’on a pu expédier le certificat demandé pour que vous n’ayez pas à payer de droits pour les meubles d’ici, c’est aussi long que cela. Il doit être à paris chez le commissionnaire qui a reçu les meubles à Paris & si vous avez payé des droits vous devez être à même de vous faire rembourser, ce qui est toujours difficile surtout en France. Je croyais les meubles encore à Mulhouse, mais il paraît qu’ils n’y ont pas séjourné & qu’ils traînent à Paris depuis des jours. Émilie me dit qu’il y a quelques tares, réparables croit-elle, de sorte que le mal n’est pas trop grand.
Vous avez reçu les 23 colis ?
Barbé[6] vient d’entrer, il vient dîner avec moi, ce qui me force à me dépêcher un peu plus, car il est midi.
L’oncle Georges[7] est venu nous voir hier, mais quel travail pour lui que d’arriver jusqu’à moi. du reste il n’a pas trop bonne mine & il souffre toujours.
Le temps est beau il fait chaud & je comprends que vous devez avoir du plaisir à passer vos soirées dans votre petit coin qui ne manque pas de charme à ce que je vois.
Ma santé est toujours bonne & ne me donne pas l’ombre de souci, je n’ai pas commencé ma saison de Wattwiller comme je le voulais, parce qu’il n’a pas fait assez chaud & maintenant que le thermomètre marque 28° il est trop tard avant ma tournée auprès des Enfants.
Le 1er Juin je vais à Bâle pour une réunion & je compte prendre le chemin de fer vers le 5. c’est du reste comme je le pensais lorsque je vous quittai en Avril.
Il ferait bien beau sur les Hautes montagnes, si seulement il ne fallait pas y grimper ce qui est généralement peu pratique pour les vieux !
Si tu as encore quelque commission à te faire à Vieux-Thann il faut te presser à me les donner car ces huit jours vont passer vite.
Si tu embrasses encore Marcel tu voudras bien lui donner un petit supplément pour ton père & garder pour toi tous les baiser que je t’adresse,
ton père
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 27 mai 1880. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_27_mai_1880&oldid=60702 (accédée le 10 octobre 2024).
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