Jeudi 1er septembre 1881

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


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1er Septembre

Mon cher Papa,

Quoique j’aie écrit à Émilie[1] hier je profite d’un petit instant libre ce matin pour venir encore causer un peu avec toi ; je ne sais vraiment comment j’arrive à barbouiller tant de papier pour dire si peu de choses mais c’est mon seul moyen de vous faire savoir que je pense à vous et je ne résiste pas à l’employer le plus souvent possible.

Si tu savais, mon cher petit papa, combien je suis contente de savoir que tu vas mieux je suis sûre que quand je te reverrai ton indisposition sera presque finie. Quel bonheur j’aurai à aller à Vieux-Thann et à t’embrasser !

Ici nous allons tous parfaitement bien, Marcel[2] est revenu hier dans la nuit comme c’était convenu ; il a eu le plaisir de voir tante[3] à Paris et a pu ainsi me rapporter des nouvelles toutes fraîches de vous tous ; je pense que tante est maintenant à Launay. Comme je l’écrivais à Émilie la grande marée du 29 a été accompagnée d’un semblant de tempête mais aujourd’hui et hier la mer est comme un lac, la température s’est bien adoucie et il tombe une petite pluie chaude qui est le seul inconvénient de ce temps-là. Malgré la pluie nous avons été patauger hier Marcel et moi, j’ai eu un vrai plaisir à revoir les coquilles et toutes les petites bêtes, nos vieilles connaissances de Port-en-Bessin. Le soir on devait tirer sur la falaise un grand feu d’artifice pour fêter soi-disant l’inauguration du chemin de fer de Trouville à Villers qui n’est cependant pas achevé ; mais la poudre avait été trop mouillée et presque tout a manqué ; nous étions aux 1ères loges pour tout voir.

Aujourd’hui nous projetons d’aller faire nos adieux au château4 car le moment du départ approche ; nous ne quitterons cependant Villers que Mercredi prochain 6 Septembre. L’heure de la poste me presse, je t’envoie dans cette lettre un prospectus que Marcel a rapporté de Paris, il avait entendu parler avec éloge de cette affaire et a pensé que cela t’intéresserait, dans le cas où tu voudrais faire souscrire.

Adieu mon cher papa je t’embrasse de tout mon cœur sans oublier ma petite Émilie et bon-papa et bonne-maman[4] s’ils sont déjà auprès de vous.

ta fille

Marie


Notes

  1. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  2. Marcel de Fréville, venu à Paris pour s’occuper du premier tour des élections législatives.
  3. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  4. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Jeudi 1er septembre 1881. Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_1er_septembre_1881&oldid=56922 (accédée le 5 octobre 2024).

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