Jeudi 16 avril 1812

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens)


Original de la lettre 1812-04-16-pages2-3.jpg


N° 210 bis

Paris le 16 avril 1812

Mes chers parents, mauvaise nouvelle ! je n'ai pas été nommé[1], mais je m'y attendais et ce résultat ne m'a été en aucune manière très sensible. je me suis tiré avec le plus grand honneur de toute cette affaire. Sachant, à peu près, l'issue de ce combat, j'avais engagé toutes les personnes auxquelles j'avais pu me confier, à solliciter le plus grand silence de la part de l'auditoire au moment du jugement, comme une marque de bienveillance à laquelle je serais très sensible. mais quelques applaudissements indiscrets partis naturellement de la part des amis de mon compétiteur[2] ont excité une sorte de sifflements de rage et de huées qui ont accompagné les juges jusqu'à la porte. le président a eu la sottise d'en prendre acte et les huées ont recommencé de plus belle. j'ai été très peiné de cette nouvelle quoiqu'elle ait réellement soulagé un peu ma déconfiture. j'ai été blessé, il est vrai, dans cette affaire mais j'ai montré au moins que je savais le métier et que j'avais du courage. c'est une affaire dans laquelle l'esprit de parti s'est tellement prononcé qu'il n'est maintenant bruit que de ce jugement auquel personne ne s'attendait plus que moi d'après le choix des juges dont aucun ne pouvait en conscience se dire compétent.

je suis assez fortement enrhumé et fatigué pour ne pouvoir commencer mon cours au premier mai au muséum. je le remettrai pour la fin du mois prochain. je vais avoir un peu de liberté pour me mettre au courant des autres affaires que j'avais beaucoup négligées.

mon petit[3] et ma femme sont très bien. nous vous embrassons tous très tendrement.

C.D.


Notes

  1. André Marie Constant Duméril postulait pour la place de professeur adjoint à la chaire de Zoologie de l’Institut. Voir la lettre du 2 avril.
  2. Henri Marie Ducrotay de Blainville.
  3. Louis Daniel Constant, fils d’AMC Duméril et d’Alphonsine Delaroche.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 78-80)

Annexe

A Monsieur

Monsieur Duméril père

Petite rue Saint Rémy n° 4

à Amiens

Pour citer cette page

« Jeudi 16 avril 1812. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_16_avril_1812&oldid=56166 (accédée le 16 octobre 2024).

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