Jeudi 14 juillet 1887 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Grigny dans l'Essonne), à sa grand-mère Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann)


Fs1887-07-14B pages1-4 Emilie.jpg Fs1887-07-14B pages2-3 Emilie.jpg


Grigny 14 Juillet 87.[1]

Ma chère bonne-Maman,

J’espère que tu nous pardonneras de t’avoir laissée sans nouvelles depuis Dimanche ; nous étions bien nombreux pour t’écrire, mais, comme il arrive en pareil cas, chacun espérait qu’un autre aurait plus de temps pour le faire.

Je me hâte de te dire ce qui certainement t’intéresse le plus, c’est que notre cher oncle[2] a consenti à partir hier à 5h avec Marcel et Marie[3] pour Launay ; il y restera, je pense, jusqu’à Lundi matin. Il est d’un courage et d’une résignation admirables, mais tu comprends si son pauvre cœur est brisé ! quel vide pour lui, la tête tourne quand on songe à un pareil malheur ! Bon-papa[4] est aussi bien que possible, bien courageux et bien résigné aussi. Que te dirai-je de nous ? nous n’avons pas encore compris, il nous semble que nous rêvons et que nous retrouvons en nous éveillant cette tante chérie que nous aimions tant. Que sera notre vie sans elle ? c’était notre Providence, elle était venue à nous dans nos chagrins comme un bon ange[5], se multipliant pour remplacer ceux qui partaient, et maintenant nous nous sentons si isolés !

Nous avons le plaisir d’avoir aujourd’hui à déjeuner oncle Léon[6] et M. Stackler[7], malheureusement ils doivent partir à 1h1/2, c’est bien court.

Je sais que Marcel a dû s’occuper hier de mener oncle Léon chez M. Empis[8], je ne l' n’ai pas revu Marcel avant son départ pour Launay, mais je crois qu’il n’a pas réussi à faire faire à oncle Léon ce qu’il voulait.

Je compte t’écrire très prochainement pour te donner des détails sur la fin de notre tante bien aimée, aujourd’hui je n’en ai pas le temps. Je vous[9] embrasse tous de tout mon cœur.

Émilie


Notes

  1. Lettre sur papier deuil. Les Froissart ont loué pour l'été une maison à Grigny (Essonne).
  2. Alphonse Milne-Edwards, qui vient de perdre son épouse Aglaé Desnoyers.
  3. Marcel de Fréville et son épouse Marie Mertzdorff, sœur d’Émilie.
  4. Jules Desnoyers, père d'Aglaé.
  5. Marie et Émilie Mertzdorff, orphelines, ont été accueillies chez les Milne-Edwards.
  6. Léon Duméril.
  7. Henri Stackler.
  8. Le docteur Georges Simonis Empis.
  9. Félicité et son époux Louis Daniel Constant Duméril, ainsi que leur entourage.

Notice bibliographique

D’après l’original.  

Pour citer cette page

« Jeudi 14 juillet 1887 (B). Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Grigny dans l'Essonne), à sa grand-mère Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_14_juillet_1887_(B)&oldid=53735 (accédée le 21 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.