Fin de l’été 1880 (A)
Lettre de Marcel de Fréville et son épouse Marie Mertzdorff (en train vers Le Houssay dans l’Orne) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Je commence par vous dire, mon cher père, que Marie[1] va bien ; mais j’ai jugé plus prudent de rester[2] afin d’avoir plusieurs heures de repos entre nos deux trajets ; mais aujourd’hui après une bonne nuit dans un lit, nous avons pris notre vol vers la Normandie. Je vous écris à chaque station, pendant les quelques minutes d’arrêt.
Hier soir, nous avons été dîner au Grand Hôtel[3] ; salle magnifique ; 300 couverts ; et surtout quantité de types d’un aspect parfois très divertissant, et dont Marie s’est bien amusée.
Je voulais vous envoyer ainsi qu’à oncle[4] deux curvimètres[5] que j’ai achetés ce matin, mais la poste me les a refusés, ainsi qu’un [ ] de messagerie et ils ont fini par rester sur ma table, le temps m’ayant manqué pour vous les expédier dans des conditions [voulues] ; ce sera pour quand on se reverra à Paris.
Notre jardin est toujours aussi laid, les feuilles disparaissant sous une épaisse couche de poussière et l’herbe a tout envahi ; mais une vive jouissance nous y attendait, c’était de cueillir et de manger notre raisin, inutile de vous dire que nous en avons rarement trouvé de meilleur à condition toutefois de lui faire subir, avant de l’absorber, un lavage consciencieux.
Le temps est magnifique, et ses bonnes dispositions semblent nous présager plusieurs belles journées ; nous espérons qu’elles contribueront [à passer] ce rhume malencontreux qui s’est emparé d’oncle.
Merci à Emilie[6] de son gentil petit souvenir ; nous l’avons lu avec grand plaisir, et très touchés de cette délicate attention.
Mon cher Papa, à mon tour je réclame une petite place pour t’embrasser ainsi que tout ton cher entourage et te répéter après Marcel que nous sommes en train de faire un excellent voyage ; nous voilà arrivés à Laigle, nous n’avons plus que 2 stations avant Sainte-Gauburge nous en avons déjà passé 19 ! c’est vraiment bien ennuyeux les trains omnibus ; heureusement que les voyageurs se chargent de nous fournir de nombreuses distractions nous avons même eu le plaisir de voir monter une noce ; il y a une grande quantité de réservistes qui ont fini leur temps et qui regagnent très gaiement leurs foyers. A Paris une vieille bonne femme est venue me demander comment il fallait qu’elle s’y prenne et par où passer pour aller à Rennes à pied parce qu’elle n’avait plus d’argent ; je l’ai adressée aux employés du chemin de fer qui ont eu l’air de bien s’en amuser.
Le train repart [ ] je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que tante, oncle[7] [ ]
Marie
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville.
- ↑ Une halte rue Cassette entre Vieux-Thann et Le Houssay.
- ↑ Le Grand Hôtel, palace du Second Empire, dans le quartier de l’Opéra, à Paris.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Le curvimètre permet de mesurer sur les cartes des itinéraires non rectilignes.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Probablement Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Fin de l’été 1880 (A). Lettre de Marcel de Fréville et son épouse Marie Mertzdorff (en train vers Le Houssay dans l’Orne) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Fin_de_l%E2%80%99%C3%A9t%C3%A9_1880_(A)&oldid=56346 (accédée le 15 novembre 2024).
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