Dimanche 29 août 1880

De Une correspondance familiale



Lettre de Paule Arnould (Jonchery-sur-Vesle dans la Marne) à son amie Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en Suisse, à Villeneuve)


original de la lettre 1880-08-29.jpg


Le Vivier 29 Août 1880[1].

Il faut bien que je n’aie pas pu t’écrire, ma Marie chérie, pour n’avoir pas répondu tout de suite à ta chère lettre, à cette petite marge surtout écrite en fins caractères, mais qui m’a rendue si heureuse. Oh ! ma Marie que tu es gentille de m’avoir fait partager tout ton bonheur ; oui, tu es bénie du bon Dieu, mon Amie chérie, et je l’en remercie de toutes mes forces avec ceux qui t’aiment, et je le supplie de te laisser jusqu’à la fin dans cette voie heureuse. J’ai senti mon cœur de tante[2] se réveiller pour aimer déjà avec toi, ma chère Marie, ce petit ange que le bon Dieu veut te confier[3]. Heureux petit enfant, qui viendra au monde dans une atmosphère de tendresse ! Dis à notre chère Émilie[4], à qui je n’ose pas parler moi-même puisque tu me demandes tant de discrétion (tu vois comme je l’exagère) combien je l’aime et partage tout ce qu’elle pense dans ce moment, elle a été à bonne école pour savoir ce que c’est que donner une affection de tante et je sais qu’elle s’en acquittera bien.
Et toi, ma Chérie, tu n’es pas trop fatiguée oh ! j’en suis bien heureuse, mais, je t’en prie, soigne-toi, dorlote-toi. Mais Je suis bien sûre que si tu ne le fais pas, on le fait pour toi ; surtout laisse-toi mettre dans une boîte à coton.

Mathilde[5] a été très heureuse d’avoir des nouvelles de sa chère amie Louise[6]. Je ne raconte rien de nous puisque j’écris à Émilie, elle te donnera les nouvelles ; je tenais seulement, ma Chérie, à t’envoyer un mot de tendresse et à te remercier de m’avoir annoncé l’heureuse nouvelle ; tu savais comment je la recevrais ! Mère[7] et Mathilde te disent mille choses affectueuses aussi. Edmond[8] est comme tu le pensais, bien heureux de la réussite de son examen et très touché des félicitations qui lui viennent de nos meilleurs amis. Tu sais si je te compte dans ceux-là, ma bien chère Marie ! Ne nous oublie pas auprès de ton Mari[9] et reçois mes tendres baisers de vieille amie.

Paule


Notes

  1. Lettre sur papier-deuil.
  2. Paule Arnould a deux nièces, Marguerite et Justine Jeanne Biver, filles de sa sœur Lucy (†).
  3. Jeanne de Fréville, encore à naître (19 mars 1881).
  4. Emilie Mertzdorff ; comme sa sœur Marie, elle a été élevée par sa tante.
  5. Mathilde Arnould.
  6. Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre, née en 1849 comme Mathilde Arnould.
  7. Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
  8. Edmond (fils) Arnould.
  9. Marcel de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 29 août 1880. Lettre de Paule Arnould (Jonchery-sur-Vesle dans la Marne) à son amie Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en Suisse, à Villeneuve) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_29_ao%C3%BBt_1880&oldid=54135 (accédée le 15 novembre 2024).

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