Début août 1877

De Une correspondance familiale

Lettre de Marthe Pavet de Courteille (Paris) à son amie Marie Mertzdorff

 

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Ma bonne et chère Marie[1]

Je n’ai pas de bonnes nouvelles à t’annoncer, notre chère bonne-mimi[2] va beaucoup plus mal depuis 3 jours elle a eu une violente crise de douleurs accompagnée de vomissements, elle a commencé dans la nuit de Mercredi à Jeudi ; ma tante[3] a été chercher le médecin qui est l’ami d’enfance de papa[4] et de mes oncles[5] ; c’est lui qui soigne bonne-mimi depuis le commencement de sa maladie.

Il allait partir avec sa femme lorsque ma tante est arrivée, pour faire un petit voyage chez sa mère ; cette absence ne devait durer que deux jours, mais quand il a vu l’aggravation du mal chez bonne-mimi, il n’a pas voulu l’abandonner et de lui-même a dit qu’il renonçait à son voyage, il est venu 3 fois Jeudi et le soir un peu de mieux s’est manifesté, mais ce mieux n’a pas été de longue durée.

Lorsqu’oncle est parti nous ne savions encore rien mais c’est en allant y dîner et y coucher que nous l’avons appris ; ma tante Fabignon[6] était à Paris et venait dîner le soir avec sa fille ma cousine Alexandrine[7] et ses deux petites-filles qui sont mes cousines issues de germains, Sara et Élisabeth Besse[8] ; je ne les connaissais pas car elles demeurent avec leur père et leur belle-mère[9] à Montdidier, je connaissais seulement l’une d’elles Marianne[10] qui était venue il y a 3 ou 4 ans à Paris. Sara et Élisabeth sont remarquablement petites. Sara a 15 ans et a la tête de moins que moi et comme elle est et qu’elle paraît très délicate on lui donnerait 12 à 13 ans.

Élisabeth va avoir 13 ans et elle est à peine plus grande qu’André[11]. Vendredi comme mère[12] est restée toute la journée rue de l’Abbaye cousine Alexandrine nous a emmenées au Panorama des Champs-Élysées, c’est magnifique. Le matin nous avions tous déjeuné chez ma tante Fabignon à l’Hôtel.

Aujourd’hui mère a été chez bonne-mimi, elle était toujours de même, elle va y retourner pendant que grand-tante me conduira à la gare chercher Mme Ricard qui arrive, j’espère qu’elle pourra rester un peu plus longtemps qu’elle ne devait le faire car nous n’irons pas à La Brière, nous passerons tout l’été à Paris, ainsi continuez toujours mes amies chérie à m’envoyer vos lettres ici.

Dimanche dernier, j’avais écrit à Émilie[13] que nous allions partir pour aller à l’Hippodrome c’est bien ce que nous avons fait mais il y a eu impossibilité d’entrer, l’enceinte était remplie et on a dû renvoyer une foule de personnes.

La partie a été remise au lendemain et les garçons se sont amusés à la folie. Jeanne[14] était enchantée et moi je me suis bien amusée quoique moins et malgré le soleil qui semblait avoir pris à tâche de nous fondre comme de la cire.

Mardi maman a conduit Jeanne et les garçons[15] au Jardin d’Acclimatation, comme cela m’ennuyait d’y aller et que je voulais échantillonner la tapisserie d’oncle je n’y ai pas été. Mercredi mère a reconduit Jeanne qui n’était pas trop contente de partir elle va être bien contente que nous restions.

Pauvre La Brière il est probable que nous ne la reverrons pas ! nous y avions passé bien des jours de tristesse et de deuil mais aussi bien des jours heureux !

Il a fait bien laid tous ces derniers jours mais le temps semble se remettre aujourd’hui.

Mes cousines Gustave[16] sont revenues hier et mon oncle Abel[17] avant hier soir, il a laissé ses deux filles[18] au Bréau avec la marquise d’Hervey[19] car elle est en train de faire le portrait d’Alice. Il ignorait (mon oncle A.) l’état de bonne-maman, Alice et Charlotte ne le savent donc pas non plus, elles seront bien affligées quand elles sauront la vérité. Elles reviendront [samedi]. Nous aimons cette chère grand-mère qui a été et qui est toujours si bonne pour [elle]. Quel chagrin ce sera pour nous de la perdre hélas ! tout le monde est persuadé qu’elle nous échappera bien promptement.

Adieu ma Marie chérie je t’embrasse bien tendrement, que ne puis-je le faire réellement. Je n’ai pas besoin de vous recommander de bien profiter de vos vacances.

J’espère recevoir bien vite une bonne lettre, quant à moi je vous écrirai promptement des nouvelles de notre chère malade.

Embrasse pour moi ma chère Émilie[20] et mes 2 bonnes petites tantes[21] sans oublier mes oncles et Jean.

Je te prierai de me faire savoir si vous êtes pressées de la tapisserie.

Au revoir ma chérie, je t’envoie mille baisers.

Ta petite Marthe.


Notes

  1. Papier à monogramme M-PC.
  2. Sophie Silvestre de Sacy, veuve de Charles Pavet de Courteille, décédée le 15 août 1877.
  3. Possiblement Léonie Pavet de Courteille, épouse d'Alfred de Ségogne.
  4. Daniel Pavet de Courteille (†).
  5. Gustave (†), Abel (et Fernand?) Pavet de Courteille.  
  6. Sara Eugénie Silvestre de Sacy, veuve de François Alexandre Fabignon.
  7. Alexandrine Fabignon.
  8. Sara et Élisabeth Besse, filles d'Anne Fabignon (†) et Victor Besse.
  9. Blanche Marie Alphonsine Beauvais, seconde épouse de Victor Besse.
  10. Marie Anne Besse, née en 1868.
  11. André Pavet de Courteille, 7 ans.
  12. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  13. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  14. Jeanne Pavet de Courteille, qui est habituellement en pension.
  15. Alphonse, Étienne et André Pavet de Courteille.
  16. Les filles de Gustave Pavet de Courteille (†) : probablement Sophie Amélie, Geneviève et Caroline Thérèse Pavet de Courteille.
  17. Abel Pavet de Courteille.
  18. Charlotte et Alice Pavet de Courteille.  
  19. Louise Ward, épouse de Léon d'Hervey (nom d'artiste : Louise Dubreau).
  20. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  21. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards et Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Début août 1877. Lettre de Marthe Pavet de Courteille (Paris) à son amie Marie Mertzdorff », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=D%C3%A9but_ao%C3%BBt_1877&oldid=62178 (accédée le 18 décembre 2024).

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