Dimanche 8 avril 1917 (A)
Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)
8 Avril 17[1]
Comment s’est passée ta fête de Pâques, mon petit ? est-ce au vacarme des obus et sans aucune cérémonie religieuse ? je le crains.
La nôtre a commencé un peu tristement en constatant qu’Anne Marie[2] avait les oreillons ! Il est à craindre que toute la tribu y passera et nous en avons sans doute pour longtemps.
Le soleil était si beau que je suis allée faire avec Michel[3] une promenade au Bois en landau ouvert, c’était délicieux. Mais j’en passe… cela était après le déjeuner et à celui-ci nous devions avoir tous les Tréca[4]. Tu sais qu’Albert est pour 3 mois à l’hôpital de Saint-Mandé et que Gabrielle et les enfants sont venus s’installer à Fontenay-sous-Bois. Nous avons dû les prévenir à 10h ¼ , lors de la visite du Docteur Grenier, de l’invasion des oreillons, afin qu’ils n’amènent pas leurs enfants. Ton papa[5] a eu l’idée de téléphoner à une personne de leur voisinage qui a bien voulu se charger de les prévenir et en effet ils n’ont pas amené leurs enfants : l’avis unanime c’est que Gabrielle n’a pas embelli et qu’Albert est resté très causant.
Caplain vient de téléphoner qu’il lui est né un héritier aujourd’hui à 13 heures. On ne l’attendait pas de si tôt, je crois, mais il a eu le bon goût de profiter de la permission de Pâques de son père pour arriver en ce monde.
Michel a rencontré aujourd’hui les Daum de Nancy qui sont à Lutetia et a invité Michel à déjeuner demain.
Le voyages des Colmet Daâge[6] s’est très bien fait, les enfants ont dormi et n’ont pas été gênants. Malheureusement ils ont trouvé la pluie en arrivant Jeudi.
Jacques[7] commande un Groupe de Tracteurs Caterpillar, sa situation paraît devoir être stable, au moins un certain temps et assez à l’arrière pour qu’il envisage la possibilité de faire venir Élise[8]. Mais elle ira peut-être en Suisse auparavant. T’ai-je dit que son frère René[9] le prisonnier y a été envoyé [comme malade].
Je t’ai envoyé hier un saucisson. As-tu [ ] la cagna pour l’entrée en guerre des États-Unis ? cela vaut la peine. Malheureusement le drapeau des E.U. est rare et ne s’improvise pas [ce qui empêche d’en mettre] [ ]
T’ai-je dit que nous avions eu des nouvelles de Pierre[10] par Lina[11] qui est à Chatenoy[12] près de Belfort et qui, l’ayant vu passer, l’a invité à entrer chez ses parents ? La part directe et active qu’elle prend dans la grande question de la repopulation l’a amenée à revenir chez ses parents.
Michel doit se présenter demain devant la commission qui prononcera sur l’opportunité de son départ de l’hôpital et sur la durée de sa convalescence.
Je t’embrasse tendrement, cher enfant. Je m’excuse de ne pas t’envoyer encore les Pensées de Pascal, il faut maintenant sans doute attendre à Mardi pour les trouver.
Emy
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Anne Marie Degroote.
- ↑ Michel Froissart, frère de Louis, en convalescence.
- ↑ Albert Tréca, son épouse Gabrielle Froissart, leurs enfants Paul, Gérard et Michel Tréca.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Guy Colmet Daâge, son épouse Madeleine Froissart et leurs fils Patrice, Bernard et Hubert Colmet Daâge.
- ↑ Jacques Froissart, frère de Louis.
- ↑ Élise Vandame, épouse de Jacques Froissart.
- ↑ René Vandame.
- ↑ Probablement Pierre Froissart.
- ↑ Lina, employée par les Froissart. Possiblement Aline Marguerite Marchand, épouse de Jules Charles Wolff.
- ↑ Probablement Châtenois-les-Forges en Territoire de Belfort.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 8 avril 1917 (A). Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_8_avril_1917_(A)&oldid=61314 (accédée le 22 décembre 2024).
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