Dimanche 7 octobre 1894

De Une correspondance familiale



Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Launay 7 Octobre 94

Je pense te trouver encore à Paris, ma chère enfant, ce n’est que demain soir ou Mardi n’est-ce pas que tu comptes retourner à Livet. Je ne sais si ton oncle[1] pourra te voir, il est si occupé lorsqu’il passe ainsi au Jardin que peut-être reviendra-t-il sans t’avoir vue & sans t’avoir dit toutes les péripéties de ces derniers jours : Vendredi soir Marthe[2], qui depuis le matin ne pouvait plus marcher, a cru que tout allait se terminer très promptement & en allant chercher son oncle à la gare, il Jean[3] a averti M. Souplet[4] de se tenir sur le qui-vive, mais grand émoi dans le clan des mères[5] car la Sœur[6] n’avait été demandée que le 15 ! La nuit se passe bien, le lendemain matin – hier – M. Souplet vient & dit que cela sera probablement très proche, qu’on fera bien d’envoyer une dépêche Rue Cassini, ce qui est fait de suite. mais Hélas une prompte réponse nous apprend qu’il n’y a pas 1 seule religieuse libre avant ce malheureux 15. Heureusement que la journée se passe bien, la nuit encore mieux & qu’aujourd’hui, Marthe est convaincue qu’elle attendra encore. Ce matin après la Messe, nous avons essayé de trouver une Sœur à Nogent, impossible, je vais écrire à Chartres, très désolée que cette fois Marthe ait demandé sa fidèle gardienne pour une époque si tardive, comptant sur ce qui lui était arrivé jusqu’à présent. Si nous n’avons pas d’aide & que le médecin ne soit pas là, ce sera le néant car la tante L. est bien impressionnable en ce moment & moi parfaitement incapable, j’ajouterai si tu ne ris pas de moi, comme le serait une vieille demoiselle très réservée. Enfin Marthe ne se trouble pas du tout. Ton oncle n’a pas l’air inquiet, Jean non plus (mais il est jeune & cela ne prouve rien) & j’espère que c’est le ciel qui nous aidera à défaut d’autre secours. Je suis bien contente que Robert[7] ait mis sur son petit nez de bonnes lunettes roses, il en a du reste une provision, ce cher enfant & la fée qui les lui a données lui a fait un très beau cadeau. Je t’embrasse tendrement, ma chère Marie, ainsi que ton collégien & suis chargée de mille amitiés par tous.

Marthe a reçu les patrons & t’en remercie.


Notes

  1. Alphonse Milne-Edwards, qui est aussi l'oncle de Jean Dumas.
  2. Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas, accouchera de Georges Dumas le 18 octobre 1894.
  3. Jean Dumas.
  4. Le docteur Ephraïm Souplet.
  5. Cécile Milne-Edwards-Dumas, mère de Jean, et sa sœur Louise Milne-Edwards (« tante L. »), veuve de Daniel Pavet de Courteille, mère de Marthe.
  6. Possiblement Sœur Camille.
  7. Robert de Fréville, 12 ans (le « collégien »).

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Dimanche 7 octobre 1894. Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_7_octobre_1894&oldid=52228 (accédée le 24 avril 2024).

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