Dimanche 6 octobre 1799, 14 vendémiaire an VIII
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Doullens)
n° 119
Paris le 14 Vendémiaire an 8
Papa, j’ai porté hier à la diligence le petit flacon d’Ether. Je l’ai adressé directement à Monsieur Duflos[1]. la demeure de madame Lesenne que vous m’indiquiez est à plus d’une lieue de chez moi, j’ai crains en outre de ne plus la trouver puisque l’affaire de son fils a été jugée le 8. Je vais joindre à ma lettre une petite note qui indiquera à Monsieur Duflos la manière de se servir de l’Ether. je n’ai point indiqué le prix. j’ai cru que vous seriez bien aise de faire cette petite galanterie.
Madame Beaurain[2] est accouchée le 11 d’une petite fille[3] très bien portante. la mère n’a pas beaucoup souffert. elle est bien faible. Je l’ai vu deux fois depuis hier. elle avait la fièvre de lait et souffrait beaucoup.
Je n’ai point vu Dumont[4], et je n’ai point encore les renseignements que vous me demandez. Je vous ferai part de leurs résultats quand je les aurais pris.
Je n’occupe point encore ma nouvelle demeure. les meubles du défunt ne sont point encore vendus. on attend le jour. au reste mon loyer court encore ce trimestre. Depuis mon retour je n’ai touché que le cinquième du mois de Nivôse. Notre imprimeur ne nous donne rien, l’ouvrage reste toujours suspendu[5].
On me monte très bien mes Laboratoires. l’école m’a accordé presque tous les instruments, outils et drogues que je lui ai demandés. Cette dépense sera de près de 500 livres. il est vrai que ce sont des fournisseurs de la République qui livreront.
énumération des sociétés savantes dont M. C.D. fait partie
J’ai reçu un diplôme de Membre Correspondant de la Société d’Émulation de Poitiers, Département de la vienne. Ce qu’il y a de singulier c’est que je ne connais personne dans cette ville-là. La lettre qui l’accompagnait est des plus honnêtes. Je suis maintenant de 8 sociétés savantes. la société demédecine. la société Médicale d’Emulation. la société Philomathique. la société des Naturalistes à Paris. la société d’Emulation de Rouen. de Poitiers. d’abbeville et de celle d’Agriculture d’Amiens.
J’ai reçu une lettre d’Auguste[6] le 2e jour complémentaire datée de Nice le 23 fructidor. enfin il avait reçu de vos nouvelles et était instruit de tout ce qui regardait la famille. il n’avait point encore reçu le certificat qu’il demandait pour obtenir un nouveau congé. mais il ne devait le recevoir que le sixième jour complémentaire. J’ai pris la plus grande précaution afin qu’il ne s’égare pas. Car je l’ai fait charger à la poste par le Directoire. J’attends d’un moment à l’autre sa réponse ou son arrivée si sa lettre tarde encore deux ou trois jours.
Vous avez appris mes succès, puissent-ils vous faire payer
Votre fils C. Duméril
Notes
- ↑ Probablement Nicolas Joseph Duflos.
- ↑ Sophie Tavernier épouse d’Amable Nicaise Beaurain.
- ↑ Sophie Eugénie Beaurain.
- ↑ Probablement André Dumont.
- ↑ Il s’agit des Leçons d'anatomie comparée de G. Cuvier,... recueillies et publiées sous ses yeux par C. Dumeril,..., Baudoin imprimeur, ouvrage dont André Marie Constant Duméril a annoncé la parution du 1er volume dans la lettre du 12 avril 1799.
- ↑ Auguste (l’aîné), frère d’André Marie Constant Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 70-71)
Annexe
Au Citoyen Duméril
Directeur du Jury d’accusation Département de la Somme
à Doullens
Pour citer cette page
« Dimanche 6 octobre 1799, 14 vendémiaire an VIII. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Doullens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_6_octobre_1799,_14_vend%C3%A9miaire_an_VIII&oldid=60512 (accédée le 11 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.