Vendredi 13 septembre 1799, 27 fructidor an VII

De Une correspondance familiale


Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son frère Désarbret (Amiens)

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n° 118

Paris le 27 Fructidor an VII

Mon ami, je suis arrivé hier à trois heures. Notre voyage a été des plus heureux et assez gai. il n’en a pas été de même de l’arrivée. J’attendais mon paquet. mais c’était en vain il était resté à Amiens. J’ai eu de l’inquiétude d’abord et j’ai craint qu’on ne l’eût volé. Cependant, par réflexion, j’ai mieux aimé croire qu’il était resté au bureau. Aussitôt j’ai écrit au Citoyen Mouret[1] pour l’en prévenir ; mais il s’en était aperçu auparavant puisque je l’ai retrouvé ce matin à la diligence et que je l’ai maintenant. j’ai cru même reconnaître dans l’adresse l’écriture de Reine[2]. en voilà assez pour le paquet.

Tu ne croirais jamais, si je ne t’en faisais l’énumération, combien j’ai eu occasion de voir ici de personnes depuis hier, sans compter celles auxquelles j’avais donné rendez-vous.

J’ai vu Duméril[3] qui m’avait écrit et qui avait envoyé s’informer à la maison si l’on ne voulait ne faire rien savoir. Il m’a remis sa lettre, en voici l’extrait. Le Provisoire est indiqué à Beauvais pour le 15 Vendémiaire. Cependant il a été poursuivi à toute outrance par les Beaussard. il s’en est tiré par une opposition. Il se regarde comme irrévocablement tiré d’affaire et pouvant attendre la décision du tribunal d’appel. il réclame un serre-tête laissé à Sénarpont[4]. ainsi que son linge d’Amiens je lui ai répondu à cet égard comme on me l’avait dit. Il ne voulait pas se charger de l’affaire de Lamond il est choqué de ce que les Lamond ne l’ont point été voir (je me suis chargé de faire les démarches. j’ai été même au bureau de Dufour mais il était absent. Delamorlière (Natalis)[5], que j’ai rencontré m’a donné son adresse. Je ferais en sorte d’y aller demain).

Le ton de la lettre était dicté par les circonstances dans lesquelles il croyait que je l’aurais reçue. c’est-à-dire dans le genre larmoyant, il ne paraît pas en état de me remplir de mes avances. Il a toujours des projets, aujourd’hui il se charge de la rédaction d’un journal qui doit paraître à compter du premier Vendémiaire. mais le prospectus et le titre du journal sont encore à faire.

J’ai rencontré ce matin Mlle Miller elle s’est informée de ta santé et je lui ai promis de la rappeler à ton souvenir quoique je lui ai dit que tu n’en avais pas besoin.

J’ai trouvé ici une lettre d’Auguste[6] datée de Gênes le 6 courant. il n’a point reçu de nouvelles de la famille depuis huit mois. Le 14 il devait être à Nice où il me prie de lui envoyer où il me prie de lui envoyer le certificat de visite des inspecteurs généraux de santé qu’il a obtenu l’an dernier. J’ai eu beaucoup de peine à obtenir ce Duplicata dont j’ai vu refuser une dizaine semblables sous mes yeux mais par démarche et surtout par mon titre je l’ai après avoir perdu ma matinée. je lui adresserai demain en le chargeant à la poste.

Madame Beaurain[7] ressentait quelques douleurs à midi lorsque je suis passé. Mlle Joséphine[8] écrivait à Mme sa mère.

Je t’embrasse ainsi que Reine et maman[9]

Montfleury[10] est remis au 1er complémentaire pour absence.


Notes

  1. Alexandre Mouret est employé aux messageries. Il est né à Amiens vers 1760 ; il a une adresse à Paris en l’an III : 56 rue des Vieux Augustins.
  2. Reine Duméril, leur sœur.
  3. Jean Charles Antoine dit Duméril, leur frère.
  4. Sénarpont, berceau depuis quatre générations de la famille Duval.
  5. Jean Baptiste Natalis de la Morlière.
  6. Auguste Duméril (l’aîné) leur frère.
  7. Sophie Tavernier, épouse d’Amable Nicaise Beaurain, sur le point d'accoucher.
  8. Joséphine Tavernier.
  9. Rosalie Duval.
  10. Florimond Duméril dit Montfleury (l’aîné), leur frère.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 67-69)

Annexe

POSTE PRÈS LE DRE EXECUTIF [cachet rouge]

Au Citoyen Duméril homme de loi

petite rue Saint Rémy

A Amiens

Pour citer cette page

« Vendredi 13 septembre 1799, 27 fructidor an VII. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son frère Désarbret (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_13_septembre_1799,_27_fructidor_an_VII&oldid=60614 (accédée le 18 avril 2024).

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