Lundi 27 juin 1887

De Une correspondance familiale

Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou)


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Paris 27 Juin 1887

Ma chère Marie,

Je n’ai que des excellentes nouvelles à te donner, ma dépêche t’a déjà appris que la nuit a été calme. Le 1er pansement que tante[1] redoutait beaucoup a été au contraire très peu douloureux et notre chère tante se sent beaucoup mieux depuis ce temps. Elle a mangé un œuf qui lui a paru délicieux, et qui doit être passé maintenant, puisqu’il y a déjà 2h qu’elle l’a mangé. Elle est souvent assoupie cette après-midi aussi ne suis-je pas encore entrée auprès d’elle depuis le déjeuner, mais je l’ai vue ce matin et lui ai trouvé l’air beaucoup moins fatigué qu’hier, la fièvre ayant beaucoup diminué, elle n’a plus cet état de malaise général qui a rendu la journée d’hier si pénible. Tu ne saurais croire à quel point cette chère tante est occupée de toi, je crois que tu es sa principale préoccupation.

Hier elle m’a parlé de toi plusieurs fois et ce matin à peine étais-je entrée qu’elle m’a demandé si j’avais aussi une lettre de toi. C’est elle-même qui m’a dit qu’elle ne voulait pas te voir avant Jeudi, ta visite lui ferait tant de plaisir, disait-elle, qu’elle ne pourrait pas s’empêcher de te parler et de manifester son plaisir de te voir et elle sentait que ce serait un peu au-dessus de ses forces. Ne crois donc pas ma chérie qu’on veuille t’éloigner. C’est bien au contraire parce que ta visite sera trop bien reçue qu’elle trouve plus raisonnable de la retarder de deux jours.

Tu me trouveras peut-être encore à Paris[2] ; nous pensons ne partir que Jeudi ; dans tous les cas sois sûre que je m’arrangerai pour te voir. Je comprends ton chagrin de n’avoir pas su d’avance ce grand événement qui devait tant te préoccuper, me mettant à ta place je pensais bien que ce serait un chagrin pour toi et je voulais que tante te l’écrive, mais ayant eu l’avis de ton mari[3], elle a jugé mieux de ne te le dire qu’après puisque tu étais loin et que tu aurais souffert de ne pas pouvoir venir la voir. Ne vois dans tout cela qu’un excès d’affection et de tendresse. Il paraît que tante a beaucoup hésité à me le dire, elle aurait voulu me laisser partir [pour Grigny sans que je sache] rien, mais oncle[4] a trouvé que ce serait trop ridicule puisque j’étais à Paris et que, allant m’installer dans les environs je pouvais revenir si facilement. Ne crois pas que je t’ai déguisé la vérité dans aucune de mes lettres. Je dis absolument ce que je sais et ce que je vois et je ne pourrais te donner plus de détails.

Adieu, bonne petite sœur chérie, [] Mme de la Serre[5] qui ne savait rien et elle est venue bien gentiment ce matin savoir des nouvelles.

Si tu savais combien je me réjouis de te revoir [si tu voulais pour être plus] [ ] [venir t'installer] [ ] Grigny [ ] très facilement vous recevoir tous, [même Mlle de Castel[6]] Ne te gêne pas du tout pour accepter.

Je t’embrasse bien fort.

Émilie


Notes

  1. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards, qui vient d'être opérée.
  2. Une maison est retenue à Grigny pour les vacances de la famille Froissart.
  3. Marcel de Fréville.
  4. Alphonse Milne-Edwards.
  5. Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre et belle-sœur de Marie.
  6. Mademoiselle de Castel, préceptrice des enfants de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Lundi 27 juin 1887. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_27_juin_1887&oldid=52609 (accédée le 15 novembre 2024).

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