Dimanche 24 octobre 1915
Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Paris)
BRUNEHAUTPRE
Campagne-lès-Hesdin
Brimeux
Pas-de-Calais[1]
24 8bre
Mon cher Louis,
Je pense que cette lettre ne trouvera plus ton père[2] à Paris, aussi est-ce à toi que j’adresse les nouvelles. Je présume que vous avez Pierre[3] aujourd’hui et qu’il est beaucoup question de la venue prochaine de Michel[4].
As-tu vu dans le « Télégramme » de Jeudi ou Mercredi l’entrefilet relatant le grave accident arrivé à Campagne : Leroux novice conducteur de son auto a écrasé une vieille femme[5] de l’hôpital et on a trouvé cette version sublime qu’elle cherchait à se débarrasser de la vie et est venue se jeter sous les roues de l’auto à dessein ! De sorte que c’est un concert à Campagne : « Pauvre M. Leroux, il est si ennuyé ! et son auto qui s’est jetée contre un mur est tout abîmée !... » Combien il est commode d’être du côté du manche.
Il arrive ce matin une indication faisant peut-être suite à une démarche de toi : on signale un ouvrier agricole réfugié à Hesdin, chez un peintre. Si ton père ne rentre pas tout de suite, j’irai le voir.
Je pense que nous ne tarderons pas à voir arriver les CD[6]. Ce sera gentil d’avoir nos 7 petits-enfants[7] réunis. Je pense que Michel passera ici la permission qu’il doit avoir avant le 12 et que tu seras à ce moment, débarrassé de ton examen, pouvant par conséquent venir aussi te reposer. Je serai heureuse de te revoir, mon petit. Sais-tu que tous les régiments auxquels tu as appartenu partent pour la Serbie ? Le [84e] est parti et le 41e, dit-on, va aussi partir. A quoi tient la destinée ? Mais peut-être est-ce là-bas que tu iras rejoindre ton unité. Qu’en dirais-tu ?
Tes nièces sont insupportables ; je veux dire les 2 grandes[8]. Les 3 petits[9] sont beaucoup plus sages. Il est temps que bon-papa[10] revienne pour faire entendre une voix masculine.
Je t’embrasse tendrement, cher petit. Embrasse ton papa pour moi s’il est encore avec toi.
Emy
Notes
- ↑ Adresse imprimée.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Pierre Froissart, frère de Louis.
- ↑ Michel Froissart, frère de Louis.
- ↑ Possiblement : Marie Josèphe Derlot (nom avancé après consultation de la table décennale des décès à Campagne).
- ↑ Madeleine Froissart, son époux Guy Colmet Daâge et leurs deux fils, Patrice (né en 1912) et Bernard (né en 1914) Colmet Daâge.
- ↑ Deux Colmet Daâge, quatre Degroote et Jacques Damas Froissart.
- ↑ Anne Marie et Suzanne Degroote (nées en 1908 et 1909).
- ↑ Georges et Geneviève Degroote (nés en 1912 et 1913).
- ↑ Damas Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 24 octobre 1915. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_24_octobre_1915&oldid=55478 (accédée le 21 novembre 2024).
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