Dimanche 23 juillet 1876
Lettre d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff (Cauterets)
Ma chère Marie
Ce que je dois penser de toi ? Que tu es très occupée à boire, à te baigner, à te gargariser, à te pulvériser de toutes les manières possibles et qu’il en est résulté une grande fatigue dans les doigts, heureusement je vois que cette courbature se dissipe peu à peu, les quatre grandes pages que je viens de recevoir en sont la preuve.
Je voudrais bien aussi être avec vous, nous irions voir toutes les beautés des Pyrénées, Gavarni, le lac de Gaube, la brèche de Roland, le Chaos, etc. etc. Il faudrait cependant tâcher d’y aller, ou au moins de visiter tout ce que l’on peut atteindre en voiture, ce serait dommage de faire un aussi grand voyage, de rester un mois à Cauterets, sans faire connaissance avec les Pyrénées qui valent bien la peine qu’on se dérange un peu pour les admirer. Je les aime moins que les Alpes, dont elles n’ont pas les glaciers mais elles sont encore bien belles.
A quelle époque doit finir ton traitement ou attend-[on] peut-être que tes pieds soient palmés comme ceux d’une grenouille !
Je voudrais savoir vers quelle époque vous quitterez Cauterets, si vous irez tout d’une traite à Biarritz, ou si vous vous arrêterez en route pour visiter quelques-unes des villes de votre parcours. Il paraît que la Reine d’Espagne[1], [Isabel de Madame Lima], est à Saint-Jean-de-Luz, son séjour doit attirer beaucoup de monde et il sera peut-être difficile de s’y caser. Il faudra fureter sur toute cette côte pour découvrir une petite oasis bien cachée où l’on trouve tout le confortable et toute la solitude que nous recherchons.
La visite de Madame Arnould[2] et de Mlle Mathilde a dû vous faire plaisir, c’était une distraction à votre vie un peu monotone. Je suis sûr que tu n’as pu t’empêcher de regretter que Mlle Paule ne fut pas un peu souffrante et n’ait pas accompagné sa mère aux eaux. Jeanne Brongniart est aujourd’hui à Bellevue, elle est partie hier et reviendra Lundi, elle se porte bien et chaque fois que je la vois elle me charge de t’envoyer à toi et à ta sœur[3] toute espèce de choses aimables.
Au revoir ma bonne [grosse] fille.
Je t’embrasse bien fort [ ]
Dimanche
[ ] 1876
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 23 juillet 1876. Lettre d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à Marie Mertzdorff (Cauterets) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_23_juillet_1876&oldid=59461 (accédée le 22 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.