Dimanche 20 juillet 1862

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril (Vieux-Thann) à Eugénie Desnoyers, amie de sa fille décédée (Paris)


20 Juillet 1862

C'est à vous, chère et tendre enfant, que je viens m'adresser. Mon cœur déchiré par la douleur a besoin de s'épancher dans celui si connu, si apprécié de la tendre amie qui ne faisait pour ainsi dire qu'une seule personne avec la fille chérie que je pleure[1]. Oh quel vide ! Quelle douleur ! Celle qui était l'âme de tout ce qui était bon et bien a disparu de cette terre, elle y était pourtant si attachée, car tant d'êtres l'y retenaient. Si vous aviez été ici que de douces et touchantes paroles elle vous eût adressées ainsi qu'à Aglaé[2], à Adèle[3]. Ses charmantes petites filles[4] qu'elle nous laisse, elle vous les aurait présentées à toutes trois en les mettant sous votre protection car toutes trois, vous étiez si aimées de ma bien aimée fille. Vous ma bonne Eugénie, de l'âge de Caroline, d'un caractère et d'un esprit tout à fait analogues aux siens, ne formiez pour ainsi dire qu'un avec elle; aussi que de fois en vous voyant ensemble, il me semblait qu'une même âme, qu'une même pensée, vous animaient et vous donnaient la vie, d'après cela, jugez ma bien chère enfant, si aujourd'hui je ne dois pas éprouver une sorte de douceur, une sorte de consolation à venir vous trouver, à vous dire de m'écrire pour qu'il me soit encore donné d'entendre ma bien aimée qui me laisse ou plutôt nous laisse si malheureux sur cette terre. Adieu bien chère enfant, embrassez pour moi votre mère[5], votre père, Aglaé, Julien[6] et priez pour moi.

F. Duméril

Je remercie mille fois votre mère, ma tendre amie, pour ses excellentes lettres qui m'ont fait du bien

J'adresse bien des remercîments à mesdames Alfred de Sacy[7], Louise et Cécile Edwards[8] pour leurs lettres si bonnes et si affectueuses dont j'ai été bien touchée. Ces dames comprennent dans toute son étendue la perte que nous faisons.


Notes

  1. Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff, est décédée le 7 juillet.
  2. Aglaé Desnoyers, sœur d’Eugénie.
  3. Adèle Duméril, cousine de Caroline.
  4. Marie et Emilie Mertzdorff.
  5. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  6. Julien Desnoyers, frère d’Eugénie.
  7. Cécile Audouin, épouse d’Alfred Silvestre de Sacy.
  8. Louise Milne-Edwards, épouse de Daniel Pavet de Courteille et sa sœur Cécile.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Dimanche 20 juillet 1862. Lettre de Félicité Duméril (Vieux-Thann) à Eugénie Desnoyers, amie de sa fille décédée (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_20_juillet_1862&oldid=39476 (accédée le 5 octobre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.