Dimanche 19 mai 1901

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Douai 19 Mai

Ma chère Marie,

Si je n’ai pas envoyé plus tôt à Marcel[1] notre contrat, c’est que le notaire ne m’a remis qu’hier soir à 8h la procuration que je devais y joindre ; j’ai fait partir le tout ce matin comme lettre recommandée, je pense que Marcel l’aura demain matin.

Que c’est triste la mort de cette petite Richardière[2] ! combien ils sont malheureux ces pauvres gens. Ce n’est pas fait pour remettre la frêle santé de la mère ! Comme on s’estime heureux d’avoir gardé tous ses enfants quand on voit tant de gens qui en pleurent !

Michel[3] est tout à fait rétabli ; moi je tousse moins depuis deux jours, mais je suis encore un peu fatiguée et j’ai presque constamment mal à la tête. J’ai envie de reprendre quelques cachets de quinine, ne crois qu’il faudra cela pour me débarrasser tout à fait.

J’ai été bien intéressée et émue par la lettre de la pauvre Marthe[4]. Je comprends que tante C.[5] s’en agite beaucoup. Dieu veuille qu’on ne renonce pas au voyage de France qui a eu, il y a 2 ans, de si fâcheuses conséquences. C’est une excellente idée de signaler la sage-femme d’Hélène[6] qui est très bien et dont on a été très content. Mais il nous est bien difficile de donner des conseils à la distance où nous sommes, et connaissant si peu leur pays, leur installation, leurs ressources. L’exemple de Mme Michaud doit encourager Marthe ; le mieux est de les laisser faire comme ils l’entendent. Ce que je voudrais, c’est que Marthe se fasse aider le plus tôt possible, elle ne peut pas aller avec ses 2 bonnes sans se fatiguer beaucoup.

J’ai été aujourd’hui à Lille avec mes filles[7] voir Jacques[8] de 2h à 5h. C’est lui qui viendra Dimanche prochain pour passer ici le Lundi de la Pentecôte. Je ne pense pas que Damas[9] puisse revenir avant son retour définitif le 6 Juin. J’en ai de bonnes nouvelles.

Je regrette que ta pauvre petite Françoise[10] se soit enrhumée et tousse davantage. Ce beau temps lui fera du bien et le changement d’air, si vous pouvez le lui donner, achèvera sa guérison. J’ai un très vif désir d’aller à Vieux-Thann et j’espère bien que tu te décideras à y aller aussi.

Adieu ma bonne chérie, je t’embrasse tendrement et te demande pardon de t’avoir si peu écrit depuis quelques jours. Ma correspondance avec Damas, ma belle-mère[11], Jacques me prend beaucoup de temps et j’ai aussi écrit à tante Cécile plus souvent qu’à toi depuis mon retour.

Amitiés à tous.

Émilie


Notes

  1. Marcel de Fréville.
  2. Édith Richardière, décédée à 2 ans le 18 mai 1901, fille d'Alphonse Richardière et Marthe Baudrillart.
  3. Michel Froissart.
  4. Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas.
  5. Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et belle-mère (et tante) de Marthe.
  6. Hélène Duméril, épouse de Guy de Place ; elle a accouché d'Anne Marie de Place le 28 février 1901.
  7. Lucie et Madeleine Froissart.
  8. Jacques Froissart, pensionnaire à Lille.
  9. Damas Froissart, militaire en déplacement.
  10. Françoise de Fréville.
  11. Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Dimanche 19 mai 1901. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_19_mai_1901&oldid=58643 (accédée le 7 décembre 2024).

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