Dimanche 18 mai 1873

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

original de la lettre 1873-05-18.jpg


Dimanche 17 Mai 1873[1].

Ma bien chère Aglaé,

Hier étant allée à Mulhouse j’ai été savoir des nouvelles de la tante et marraine du bon abbé M. Bertsch[2], il était convenu que Madame Gerspach[3] écrirait à son filleul et que sa lettre pourrait partir dans celle que je t’écrirais, et tu la trouveras ci-jointe au petit mot que je t’envoie. Je me suis oubliée hier auprès de cette pauvre dame à laquelle les épreuves n’ont pas manqué, elle pleure comme nous des êtres chéris. Combien la sympathie s’établit vite entre des cœurs qui souffrent ! La première fois que j’ai eu le plaisir de voir cette dame, je l’ai trouvée très souffrante dans une indisposition analogue à <celle que> j’ai éprouvée à Paris à la fin de mon séjour, hier donc j’ai eu l’idée de lui porter un pot de gelée de coings, et je ne saurais te dire combien cette pauvre dame a été sensible à cette petite attention, du reste elle va mieux mais me paraît forte de santé.

Hier en rentrant nous avons eu la bonne lettre de Charles[4] adressée à Léon[5], il dit que nos chères petites[6] ayant un peu de vacances dans ce moment, peuvent s’occuper de couture, ce qui me fait grand plaisir, car c’est bien là une des choses les plus utiles à une femme. Je me rappelle une remarque de notre bien aimée Eugénie[7], hélas ! la dernière fois que je l’ai vue. Étant entrée dans la chambre de nos chéries qui étaient près de la table occupées toutes deux de leur ouvrage à l’aiguille elle dit : Combien j’aime ce tableau qui présente, dans ce moment, mes petites filles. Il y a pour moi tant de douceur à me rappeler ce qu’elle disait, je le joins, dans ma pensée, à ce que disait ma chère Caroline[8]. C’est toi, à présent, excellente Aglaé, qui nous offres dans ta personne, dans tes sentiments, l’image des êtres chéris que nous avons perdus. Combien nous vous aimons, toi, et ton cher mari[9].

Nous avons eu la semaine dernière la visite de M. et de Mme Tachard[10], visite pendant laquelle tous deux ont exprimé la vive part qu’ils prennent à notre malheur[11]. L’état de leur petit garçon[12] leur cause toujours de grandes inquiétudes. Madame Tachard est pâle et fatiguée, elle a été très souffrante le lendemain du jour où elle est venue nous voir. Veuille nous rappeler au bon souvenir de Monsieur Milne-Edwards[13] et de Madame Trézel[14]. Souvenirs affectueux à tes aimables sœurs[15].

Je t’embrasse de tout cœur ainsi que nos chéries et Monsieur Alphonse.

Ne nous oublie pas auprès de tes chers parents[16] que nous aimons tant.

Félicité Duméril


Notes

  1. Le 17 mai 1873 est un samedi.
  2. L’abbé Victor Bertsch.
  3. Joséphine Bertsch, veuve de Joseph Gerspach.
  4. Charles Mertzdorff.
  5. Léon Duméril.
  6. Marie et Émilie Mertzdorff.
  7. Eugénie Desnoyers (†), seconde épouse de Charles Mertzdorff.
  8. Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff.
  9. Alphonse Milne-Edwards.
  10. Albert Tachard et son épouse Wilhelmine Grunelius.
  11. Le décès d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
  12. André Pierre ou son frère Pierre Albert Tachard.
  13. Henri Milne-Edwards.
  14. Auguste Maxence Lemire, veuve du général Camille Alphonse Trézel.
  15. Les deux belles-sœurs d’Aglaé : Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  16. Jeanne Target et son époux Jules Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 18 mai 1873. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_18_mai_1873&oldid=61759 (accédée le 18 décembre 2024).

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