Dimanche 18 janvier 1880
Lettre de Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Paris)
Vieux-Thann 18 Janvier 1880.
Ta lettre ma chère petite Marie, nous a fait le plus grand plaisir. La manière d’envisager le mariage est comprise par toi comme saurait le comprendre une personne ayant déjà pour elle l’expérience des années ; en effet il est bien important à une jeune fille d’avoir, sous les yeux de ses parents, des entretiens sérieux avec le jeune homme dont on est recherchée en mariage. D’après ce que tu nous dis tu trouves bien de la conformité entre M. de F.[1] et toi sur les points importants de la vie, tu ajoutes qu’on sent en lui l’homme bien élevé appartenant à une honorable famille, voilà bien des motifs pour que j’aie pu faire taire mes craintes quand il s’agit de mariage. la chère tante[2] devenue depuis longtemps la plus tendre et la plus éclairée des mères, a su sans que tu t’en doutes s’entourer de renseignements précieux et c’est après les avoir tous recueillis que ton bon père[3], M. Alphonse et elle, sont venus te trouver pour t’en faire part. Comme toi ma chère enfant je prie Dieu de nous éclairer de bénir nos chères petites-filles[4] et de les rendre aussi heureuses que notre cœur le désire.
Tu apprendras avec un vif contentement qu’un mieux bien marqué se produit dans l’état de ton oncle Heuchel[5], depuis deux jours il se lève vers les onze heures, se met dans son fauteuil, mange avec plaisir et a dans la physionomie de l’animation ; mais hélas par contre voilà les pauvres familles Zurcher et Henriet plongées dans la douleur par la mort de Mme Léopold[6] qui s’est éteinte avant-hier Jeudi matin. Mme Henriet[7] est dans son lit, M. Henriet a un visage qui fait peine à voir. Hier pendant la visite que nous lui avons faite il se plaisait à nous raconter les traits charmants du caractère de sa fille qui se renfermait complètement dans sa famille et était sans cesse occupée d’être utile aux autres.
Notre petite Hélène[8] est fort enrhumée dans ce moment, mais cela ne lui ôte pas son entrain. Il m’était bien doux de voir Mme Stackler[9] chez notre chère belle-fille[10], sa chambre qui est contiguë à celle de notre petite Hélène lui permet d’avoir souvent les yeux sur elle. Il faut voir Mme Stackler de près comme je la vois pour se faire une juste idée de la bonté de son cœur et de toute l’intelligence qu’elle possède, malheureusement elle parle de retourner à son appartement[11] afin d’y tout préparer pour l’arrivée prochaine d’amis qu’elle attend.
Adieu ma bonne, ma chère petite Marie je t’embrasse comme je t’aime ainsi que ma petite Émilie, ton bon père, M. Alphonse et ta tante si chérie.
Félicité Duméril
Il est bien entendu que ton bon-papa[12] est de moitié dans tout ce que je t'adresse.
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff va épouser Marcel de Fréville en avril 1880.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (« M. Alphonse »).
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Marie Mertzdorff et sa sœur Emilie.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Marie Henriet, épouse de Léopold Zurcher, décédée le 15 janvier.
- ↑ Célestine Billig, épouse de Louis Alexandre Henriet.
- ↑ Hélène Duméril.
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
- ↑ Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog-Stackler a gardé un appartement à Mulhouse.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 18 janvier 1880. Lettre de Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann) à sa petite-fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_18_janvier_1880&oldid=39423 (accédée le 18 décembre 2024).
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