Jeudi 15 janvier 1880

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris)


original de la lettre 1880-01-15 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-01-15 pages 2-3.jpg


Vieux-Thann 15 Janvier 1880.

Je n’ai pas besoin de te dire, ma bien chère Aglaé, combien nous sommes sans cesse par la pensée et le cœur avec notre chère petite Marie[1] pour le bonheur de laquelle je prie Dieu chaque jour. Tu as bien raison de dire l’importance qu’il y a à se connaître avant d’accomplir le grand acte du mariage ; notre chère petite-fille si confiante en toi, t’ouvre entièrement son cœur, te fait connaître ses sensations, les pensées qui se présentent à son esprit et de là comme toujours tu deviens la mère intelligente et dévouée sachant encourager notre chère enfant, l’empêchant de se laisser aller à se déprécier comme elle le fait toujours. Une qualité poussée trop loin devient un défaut, il ne faut pas qu’elle se laisse aller à la crainte de ne pas répondre à l’opinion que M. de F. a d’elle car elle possède tout ce qu’il faut pour faire le bonheur d’un mari. Il m’est doux de revenir souvent à tout ce que tu nous as dit au sujet des renseignements obtenus sur M. de F. ces renseignements sont tels qu’ils effacent la crainte que j’éprouvais de voir approcher le moment où il serait sérieusement question de mariage. Comment les choses se passent-elles ? quels sont les jours où M. de F. est autorisé à venir ? Il est important de se connaître et d’avoir, sous les yeux des parents, les conversations qui permettent de se juger et de s’apprécier. Notre cher Charles[2] comment va-t-il ? c’est une si grande affaire de marier sa fille mais comme le mariage est ordinairement le but de la vie, on remercie Dieu de trouver dans son gendre des qualités comme celles que possède M. de F. Quand tu seras seule avec Marie embrasse-la bien fort pour nous cette chère enfant. Mon mari[3] a vu Lundi M. Heuchel[4], il lui a dit qu’il sent bien qu’il ne s’affaiblit pas et hier M. Jaeglé[5] dont les enfants vont bien l’a trouvé fort gai après une bonne nuit qu’il venait de passer.

Dans ce moment les pauvres familles Zurcher et Henriet[6] sont dans la douleur par l’état désespéré de Madame Léopold Zurcher[7], on a le cœur navré en songeant à ces malheureuses familles si éprouvées.

Je ne sais si ma petite Émilie[8] en écrivant à sa tante Marie[9] l’a chargée de bien remercier de sa part Madame Stackler[10] pour de la peine qu’elle a prise de tenir la main de notre petite Hélène[11] pour lui faire écrire les quelques lignes adressées à sa marraine. Depuis quelques jours, je suis privée d’aller chez nos enfants[12] parce que j’ai eu assez mal aux dents, mais aujourd’hui je vais infiniment mieux. Notre petite Hélène est venue nous voir avec sa mère et Madame Stackler, elle va bien ainsi que ses parents. Adieu bien chère Aglaé reçois avec Charles M. Alphonse[13] et nos chères petites la tendre expression de notre attachement.
Félicité Duméril.

Mille choses affectueuses de notre part à tes bons parents[14].


Notes

  1. Marie Mertzdorff va épouser Marcel de Fréville en avril 1880.
  2. Charles Mertzdorff, alors auprès de ses filles à Paris.
  3. Louis Daniel Constant Duméril.
  4. Georges Heuchel.
  5. Frédéric Eugène Jaeglé.
  6. La famille de Louis Alexandre Henriet, père de Marie Henriet-Zurcher.
  7. Marie Henriet, épouse de Léopold Zurcher, décède ce 15 janvier.
  8. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  9. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  10. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler et mère de Marie Stackler.
  11. Hélène Duméril, dont Emilie Mertzdorff est la marraine.
  12. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler, parents de la petite Hélène.
  13. Alphonse Milne-Edwards.
  14. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 15 janvier 1880. Lettre de Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_15_janvier_1880&oldid=41459 (accédée le 16 octobre 2024).

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