Vendredi 23 janvier 1880

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril et de son époux Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à leur petite-fille Marie Mertzdorff (Paris) avec un mot pour Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards

original de la lettre 1880-01-23 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-01-23 pages 2-3.jpg


Vieux-Thann 23 Janvier 1880.

Je viens embrasser ma chère petite Marie en lui disant du fond du cœur tout ce que peut inspirer la tendresse pour le bonheur de son enfant. Les chères mères qui sont au Ciel[1] sont avec nous et prient pour nous. Ton bon père[2], ton oncle et ta tante[3] ont préparé pour toi ce que dans mes plus ferventes prières je demandais à Dieu. Sans avoir vu M. de Fréville[4] nous le connaissons d’après tout ce qu’on nous en a dit, aussi dès ce jour qu’il est ton fiancé il est adopté par nous, et dans nos vieux jours nous saurons l’unir à toi dans les tendres sentiments que nous te portons. Je m’arrête voulant laisser la plume à ton bon-papa[5] et parce que je désire ne pas manquer le courrier pour l’envoi d’une lettre à ma sœur[6] sachant de quel prix sera pour elle et son entourage la nouvelle concernant le mariage de ma chère petite Marie que j’embrasse du fond du cœur.

Félicité Duméril

Merci mille fois, ma bonne Aglaé de tout ce que tu me dis ; non il ne me sera jamais possible de t’exprimer ce que j’éprouve pour toi et M. Alphonse, je vous embrasse tous deux comme je vous aime et j’embrasse Charles, ce père si parfait et si apprécié de chacun de nous.

Quoique nous songions depuis quelque temps déjà à l’éventualité de ton prochain mariage, nous sommes pourtant un peu étonnés de voir l’événement prêt à se réaliser & depuis nous connaissons l’ouverture des pourparlers nous nous disons souvent l’un à l’autre en nous voyant l’air sérieux : je suis certain que tu es à Paris auprès de notre petite Marie ; & nous nous trompons rarement.
Tu sais tout ce que nous pensons de l’événement qui se prépare, que nous avons souhaité & que nous sommes heureux de voir prêt à se réaliser, il sera accompagné de tous nos vœux & sans doute de notre présence lors de son accomplissement ! en attendant reçois nos félicitations sur la manière calme & réfléchie dont tu l’as envisagé & dont tu as résolu la question.
A présent, ma chère enfant, laisse-toi aller à la douce perspective qui s’ouvre devant toi ; c’est une bénédiction que tu aies pu rencontrer un caractère & une manière de voir si conformes aux tiens.
Dis à M. de Fréville que tes vieux grands-parents sont bien désireux de faire sa connaissance.

Maria[7] vient de venir nous voir & nous lui avons fait part de la grande nouvelle elle y prend grand intérêt : nous te quittons pour aller chez M. & Mme Heuchel[8] pour leur annoncer officiellement une nouvelle dont je crois bien qu’ils attendent la solution.

Ton affectionné grand-père.
C. Duméril


Notes

  1. Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff et Eugénie Desnoyers (†), seconde épouse.
  2. Charles Mertzdorff.
  3. Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
  4. Marie Mertzdorff épouse Marcel de Fréville en avril 1880.
  5. Louis Daniel Constant Duméril.
  6. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  7. Maria Lomüller, épouse de Georges Duméril.
  8. Georges Heuchel et son épouse Elisabeth Schirmer.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 23 janvier 1880. Lettre de Félicité Duméril et de son époux Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à leur petite-fille Marie Mertzdorff (Paris) avec un mot pour Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_23_janvier_1880&oldid=51139 (accédée le 14 octobre 2024).

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