Dimanche 16 juin 1878
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 16 Juin 1878.
Comme je ne veux pas que la presse d’hier se renouvelle aujourd’hui me voilà déjà ce matin auprès de toi, mon Père chéri ; il est 9 heures, nous avons été à la messe de 8 heures car aussitôt le déjeuner nous devons partir pour l’exposition : ce qui nous réjouit beaucoup. Nous y avons déjà été Jeudi mais plus on y va, plus on a envie d’y aller.
Hier nous t’avons quitté précipitamment pour aller au cours d’anglais je ne puis croire qu’il y a douze jours déjà que nous sommes arrivées et il me semblait que le cours avait lieu deux fois par semaine.
Nous nous sommes assez amusées malgré l’absence d’Henriette[1], nous jouions même si bien qu’on a été forcé de nous arracher de la table à 6h passées. Nous avions eu avant notre leçon de Mlle Bosvy[2] qui m’a apporté les notes des 2 derniers cours de littérature : il paraît que le professeur était assez découragé de voir toutes ses élèves le quitter et que les dernières leçons ont manqué d’entrain.
Je continue toujours à dessiner avec ardeur, ma Stratonice sera bientôt finie et je recommencerai une nouvelle bosse. Lundi j’irai aussi chez M. Flandrin[3] après ma leçon de piano.
Je crois vraiment, mon cher Père qu’en regardant le temps qu’il fait depuis notre retour nous devons encore nous estimer heureux de la manière dont s’est passé notre voyage. Il pleut sans cesse, hier il faisait même très froid. Aujourd’hui le soleil a l’air de vouloir se montrer un peu à travers les nuages mais j’ai bien peur qu’il ne soit pas persévérant.
Hier Jean[4] est venu dîner avec nous et le soir nous avons été dans la ménagerie, il y a une masse de jeunes oiseaux (faisans &) qui réussissent bien et qui sont très gentils à voir.
M. Edwards[5] passe ses journées entières à l’exposition ; je ne comprends pas comment il résiste à la vie qu’il mène, hier il est parti d’ici à 7h1/4 du matin et n’est rentré qu’à 5 heures n’ayant pris dans toute sa journée que deux tasses de café au lait ! Nous ne voyagions pas comme cela n’est-ce pas ? Les repas prenaient plus de place dans nos journées.
Ta lettre nous a fait bien plaisir cependant elle ne nous apporte pas de bien bonnes nouvelles ; je ne pensais pas que ce pauvre oncle Georges[6] eût été pris aussi sérieusement.
Je te quitte encore un peu brusquement, mon Père chéri, car nous avons déjeuné et tout le monde est prêt à partir, je t’embrasse donc de tout mon cœur aussi fort que je t’aime.
ta fille qui pense beaucoup à toi.
Marie
Amitiés à toute la famille[7].
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 16 juin 1878. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_16_juin_1878&oldid=39394 (accédée le 15 novembre 2024).
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