Dimanche 15 juin 1902

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Douai, 15 Juin 1902

Ma chère Marie,

Tes voyageurs[1] sont-ils rentrés ? il me semble que le 15 était la dernière limite de leur absence. Vous devez être bien contents de vous retrouver au complet et, malgré les lettres si détaillées qu’ils t’ont écrites, je suis sûre qu’ils ont encore bien des choses intéressantes à te conter.

Ici il pleut, il pleut, cela ne nous a pas empêchés de partir pour le jardin du polygone (que tu connais pour y avoir rencontré Mme Perruchon[2] à une partie de tennis) où l’on devait me donner une leçon de bicyclette. Après avoir été longtemps bloqués par la pluie sous le petit kiosque, nous avons pu enfin, entre deux averses, nous lancer sur le terrain de manœuvre. Hélas c’est une science ou un art, comme tu préfères, bien difficile à acquérir ! je suis prise de paniques qui me paralysent au moment où je crois être enfin bien partie et si ne n’avais pas un mari[3] ou un enfant à côté de moi prêt à me recevoir, je tomberais. Il paraît que j’ai cependant fait des progrès, mais ce que je suis moulue !... cette selle surtout est d’un dur !... mais passons…..

Il a tant plu hier que nous n’avons pas pu prendre notre leçon de paysage, c’était est navrant, nous n’avons plus qu’un samedi et j’aurais tant voulu en employer 2 à me remettre un peu à l’aquarelle sous la direction d’un bon professeur.

Hier soir nous avons dîné tous chez Mme Parenty[4], dîner de première communion en l’honneur de Michel[5], tu devines si les enfants en ont été heureux.

Tu connais bien ma vieille ouvrière Mme Gallet qui vient ici tous les mardis ? son fils vient d’être ordonné prêtre, il a dit ce matin sa première grand messe à Douai. Naturellement nous y avons assisté tous.

Hélène[6] m’a écrit qu’elle ne voulait pas prendre mon appartement, je le regrette, c’eût été si simple, je crains qu’elle ait peur de gêner ou d’abîmer quelque chose.

Je te quitte pour faire faire de l’allemand à Michel et à Pierre, surveiller les devoirs de Louis, faire faire le solfège de Lucie et faire réciter des vers à Mad[7] pour une composition, j’en ai pour toute la fin de l’après-midi, car il est déjà [3]h passées.

Je t’embrasse donc bien vite, ma chérie. Tu ne m’en voudras pas, n’est-ce pas, si je ne t’écris pas beaucoup d’ici à mon départ. Il faudra encore que je retourne une fois à Lille avec Michel, la veille de mon départ pour que son Docteur nous donne un régime pour les vacances. Il a trouvé Vendredi sa gorge en meilleur état déjà malgré le retard qu’a occasionné son indisposition.

La robe que je me suis fait faire à Lille me paraît aller bien, j’espère que j’en serai contente. Elle sera très pratique.

Adieu ma chérie, je t’embrasse de tout mon cœur.

Émilie

Amitiés à tous. Reçois aussi toutes celles de Damas qui a été si heureux de vous voir.


Notes

  1. Marcel de Fréville et certains de ses enfants.
  2. Marie Montena, épouse du général Georges Perruchon.
  3. Damas Froissart.
  4. Madeleine Decoster, épouse d’Henri Parenty.
  5. Michel Froissart.
  6. Hélène Duméril, épouse de Guy de Place.
  7. Michel (11 ans), Pierre (9 ans), Louis (6 ans), Lucie (16 ans) et Madeleine (13 ans) Froissart.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Dimanche 15 juin 1902. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_15_juin_1902&oldid=54559 (accédée le 3 octobre 2024).

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