Début mai 1881-1
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Mon cher Papa,[1]
Combien je te remercie de la longue et bonne lettre que j’ai reçue de toi, tu me gâtes en m’écrivant ainsi et quand je pense alors aux affreux petits griffonnages que je t’envoie, je reste confondue. Je suis bien contente de savoir que tu vas bien et de mon côté je n’ai à t’envoyer que d’excellentes nouvelles ; ma petite Jeanne[2] devient de plus en plus gentille ; elle regarde bien maintenant et suit les personnes qui passent auprès d’elle ; elle se fâche quand je suis trop longue à l’installer pour téter, enfin elle sourit quelquefois. Tout son petit corps engraisse, je crois que tu la retrouverais en bon état. Du reste en se portant bien cette petite chérie ne fait que suivre l’exemple de ses parents[3], je reprends ma vie ordinaire et je ne me doute pas que je nourris tant je suis loin de toute fatigue, je dors mes 8 heures sans bouger et jusqu’à présent j’ai autant de lait que ma fille en veut.
Je regrette bien que tu ne sois pas à Paris cette semaine, mon Père chéri, tu me tiendrais compagnie ; figure-toi que Marcel part demain pour Motteville[4] et ira ensuite à d’autres fermes, puis au bord de la mer chercher une [installation] pour toute sa famille, notre mère[5], les de la Serre[6] et nous ; nous y passerons notre mois d’Août pendant que les heureux voyageurs[7] arpenteront la Suisse et l’Italie, mais je ne me plains pas car ma petite chaîne me rend bien heureuse. [Ce] voyage, en partie en diligence et en voiturins de fermiers, prendra presque toute la semaine de Marcel ; tu vois donc que je serai assez abandonnée.
Hier j’ai eu la visite de tante[8] et d’Émilie[9] puis le soir après le dîner nous leur avons fait la surprise d’aller en voiture leur faire une petite visite ; cette 1ère course m’a enchantée. Ce soir j’irai dîner chez ma belle-mère. J’avais pensé à aller au Jardin cette après-midi mais tout le monde est à Montmorency.
Je ne te parle pas de leurs faits et gestes je suis sûre qu’Émilie te tient parfaitement au courant.
Adieu, mon Père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime, Marcel t’envoie ses plus filiales amitiés et Jeannette caresse bon-papa qu’elle se prépare à aimer beaucoup
ta fille
Marie
J’aurais bien voulu répondre à bon-papa[10] mais je n’arrive à rien en ce moment ; je te prie de le bien remercier de sa lettre et de lui dire que ses projets sont les nôtres.
Notes
- ↑ Lettre non datée.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Marie Mertzdorff et Marcel de Fréville.
- ↑ Motteville en Normandie (Seine-Maritime).
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville et belle-mère de Marie.
- ↑ Roger Charles Maurice Barbier de la Serre, son épouse Louise de Fréville et leurs quatre enfants.
- ↑ Les Milne-Edwards avec Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Début mai 1881-1. Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=D%C3%A9but_mai_1881-1&oldid=39271 (accédée le 14 octobre 2024).
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