Vendredi 4 mai 1860

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Manchester) à son épouse Caroline Duméril (Paris)

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J'ai reçu ma bonne petite femme tes 2 lettres pour lesquelles je viens te remercier ainsi que ton bon père[1]

J'avoue que je suis un peu gâté par vous tous, mais j'ai tant besoin de vos bonnes nouvelles dans ce maudit exil que je te prie bien de continuer. Les bonnes choses que vous me dites de Miki[2] me font un bien que je ne désire pas que tu comprennes car pour cela il faut être a 200 lieues d'elle.

Enfin aujourd'hui j'ai commencé à voir un peu quelque chose grâce à MM. Gladstone & Latham. C'est un petit début qui m'a fait plaisir mais tout n'est pas facile. Messieurs Les anglais n'aiment pas à voir tant de français ici, certaines industries craignent ce libre-échange autant qu'on le fait chez nous.

Il est vrai qu'on abuse un peu de leur générosité habituelle, l’on il y a depuis 4 mois toujours une dizaine de français ici tous industriels, heureusement que je suis le seul blanchisseur de sorte que j'ai quelque chance de voir ce que je désire.

M. Latham d'ici a dû quitter le même jour de mon arrivée pour accompagner sa femme malade dans le pays de Galles ; il reviendra Mardi prochain en attendant son associé M. Gladstone est aussi aimable pour moi qu'il est possible.

J'ai encore plusieurs lettres à remettre mais j'attends pour m'en servir que j'aie assez ennuyé les pauvres personnes auxquelles je suis recommandé.

Ma santé continue à très bien se faire à cette vie agitée du moment. Seulement hier, j'ai trop maladroitement marché à me donner une ampoule de sorte que je prends force bains froids aujourd'hui pour me refaire.

Je n'ai vu qu'une seule usine assez importante & bien montée, j'ai été assez heureux de voir que je n'ignorais pas grand chose de ce qui s'y fait. Ce qui est surtout fort désagréable c'est la vitesse avec laquelle on vous fait passer devant toute chose sans avoir le temps de bien voir. Mais c'est toujours ainsi d'une visite & lorsque j'en aurai passé 2 ou 3 autres je ne m'arrêterai que devant certains objets sans vouloir tout voir.

Je suis arrivé à la fabrique qui est à une lieue d'ici juste à midi heure du dîner, il m'a fallu attendre avant d'entrer, j'ai profité du dîner pour en faire autant dans une mauvaise petite auberge, enfin de 2 à 3 h il m'a fallu tout voir. rentré à 4 h je me suis de suite mis à prendre des notes, ce qui a été bien plus long que de voir. il était 7 h j'avais à peine fini.

Enfin Je t'écris ces quelques lignes à la hâte, vais prendre mon thé & probablement irai rejoindre les français descendus à un autre hôtel. le fils de Mme Géhin est ici il compte rester quelques mois.

Tu sais que tu embrasseras bien souvent Mimi pour moi tu feras mes meilleurs amitiés à tes nos parents[3] & tu garderas un bon gros, très gros, baiser pour celle que j'aime le plus ici-bas. tout à toi

Charles Mertzdorff

Manchester Vendredi soir  4 Mai.


Notes

  1. Louis Daniel Constant Duméril.
  2. Miki ou Mimi : Marie Mertzdorff, fillette des correspondants.
  3. Louis Daniel Constant et Félicité Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 4 mai 1860. Lettre de Charles Mertzdorff (Manchester) à son épouse Caroline Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_4_mai_1860&oldid=36040 (accédée le 3 décembre 2024).

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