Vendredi 4 août 1882

De Une correspondance familiale

Lettre d'Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards (Vieux-Thann) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Villers-sur-mer)


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Vieux-Thann 4 Août[1]

Ma chère petite fille,

Combien tu m’as fait plaisir en me donnant de suite de tes nouvelles, je viens donc te remercier en t’embrassant de tout mon cœur. Te voici arrivée[2] pas trop fatiguée, après avoir fait tout ce que tu devais, c’est très bien, et je te dirai tout bas que je suis très contente de toi ; ta maison était bien en ordre, tout était prêt pour le départ sans ahurissement ni trop de presse, ce qui est toujours fort agréable pour les maris. Alors encore un petit baiser pour cela ; et passons à un autre sujet. Avant tout je te dirai que ton bon père[3] me paraît bien, il n’a pas mauvaise mine et est entrain, après avoir passé avec lui  quelques heures et m’être demandé 50 fois s’il était temps de parler de ce qui m’occupait et me préoccupait si vivement, je me suis décidée ; il m’a répondu bien aimablement comme toujours et la chose a été déjà dé organisée, nous partons tous les trois demain Samedi à 6h pour arriver à Carlsbad[4], j’y resterai le temps des eaux, ou à peu près, puis je reviendrai, laissant É[5] avec son père, ils feront le voyage en question et reviendront à Vieux-Thann. Je suis bien heureuse de ne pas abandonner cette chère enfant pendant ces 3 semaines dans une ville d’eau ; plus d’une fois je me demanderai sans doute à quoi ma présence est utile puisque je ne fais rien ; je penserai certainement que tout aurait marché parfaitement sans moi ; mais je n’aurais pas le courage de la laisser partir seule, j’éprouve un désir irrésistible de voir comment les choses se passent et comment ton bon père résistera au traitement ; s’il est un peu fatigué, il pourra penser un peu à lui sachant que je suis avec Émilie. Enfin tu sais tout cela et je griffonne pour répéter toujours les mêmes choses. Écris-nous à Carlsbad poste restante, nos irons y chercher très souvent nos lettres. Nous avons vu hier le médecin[6], il paraît content de voir ton père aller aux eaux ; il lui a dit un mot du d médecin de Strasbourg[7], en lui conseillant de lui demander son avis mais je ne crois pas que demain en passant quelques heures dans cette ville ton père se décide à le faire. Ici tout va bien, Mme Léon[8] n’a pas mauvaise mine, Hélène est bien gentille et André pas trop laid. Si tu savais comme je suis près de toi par la pensée, je vois ta petite fille[9] que j’aime tant… mais voici encore du griffonnage inutile, tu sais tout cela et du reste ; Je ne te dis donc plus que je vous aime tendrement tous les trois[10] et je me borne à vous envoyer mes meilleures amitiés. Dis bien des choses affectueuses de ma part à ta mère[11] et à ta sœur[12].

AME

J’ai de bonnes nouvelles de Cadix. Ton oncle[13] doit être en route pour Tenerife. On m’apporte ta lettre, merci mille fois ; je vais écrire à M. Fernet[14] de suite.

Aujourd'hui Saint Dominique[15] nous allons aller à la messe [Allemande avec] sermon pour le plus grand bonheur d’Émilie Puis nous irons chez Hélène[16] qui garde le lit quelques jours.  


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Arrivée à Villers-sur-mer.
  3. Charles Mertzdorff.
  4. Karlsbad, station thermale allemande en Bade-Wurtemberg.
  5. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  6. Le docteur Louis Disqué.
  7. Le docteur Adolf Kussmaul.
  8. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril et mère de Hélène et André Duméril.
  9. Jeanne de Fréville.
  10. Marie, Marcel de Fréville et Jeanne.
  11. Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville, belle-mère de Marie.
  12. Louise de Fréville, épouse Roger Charles Maurice Barbier de la Serre et belle-sœur de Marie.
  13. Alphonse Milne-Edwards, en exploration scientifique.
  14. Émile Fernet ?
  15. Saint-Dominique est alors fêté le 4 août et non le 8 comme de nos jours.
  16. Hélène Berger, épouse d'Émile Poinsot.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 4 août 1882. Lettre d'Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards (Vieux-Thann) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Villers-sur-mer) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_4_ao%C3%BBt_1882&oldid=36030 (accédée le 24 novembre 2024).

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