Vendredi 31 décembre 1858
Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son grand-père André Marie Constant Duméril (Paris)
31 Décembre 1858
Mon cher bon-papa,
Puisque pour la première fois de ma vie je ne serai pas auprès de vous avec toute la famille, permettez-moi de vous envoyer au moins tous les vœux et souhaits si sincères que font pour vous vos petits-enfants de Vieux-Thann ; quoique bien loin les uns des autres, il semble que le jour de l'an soit encore le jour de la réunion et les cœurs franchissent la distance pour être réunis dans ce commencement d'une nouvelle année.
Je veux aussi, mon cher bon-papa, vous adresser tous mes remerciements et ceux de Charles[1] pour ce joli cadeau que vous nous faites en nous envoyant votre portrait[2] ; c'était là une des choses que nous souhaitions le plus et Charles s'était déjà creusé bien des fois la tête pour trouver le moyen de se le procurer. Par suite d'un malentendu, la caisse qui contient votre photographie et que nous devions recevoir Dimanche dernier a eu des retards mais nous espérons la voir arriver demain et ce seront ainsi de véritables étrennes.
Il me semble singulier de penser que ce n'est pas chez vous que je commencerai l'année cette fois-ci ; le jour de l'an est une bien moins grande fête en Alsace qu'à Paris ; c'est à Noël que se font presque tous les cadeaux et c'est là le grand jour pour la jeunesse. Pourtant demain nous serons réunis en famille, pour la dernière fois chez Mme Zaepffel[3] qui est bien sérieusement en déménagement et qui nous quittera sans doute tout à fait la semaine prochaine ; c'est un grand vide ici, surtout pour ma belle-mère[4] qui n'aime guère les déplacements et qui je le crains, n'ira pas souvent à Colmar. Nous aussi, nous allons établir nos pénates sous un autre toit et nous ne pouvons pas reculer ce moment indéfiniment car il faut quelque temps pour être bien installés, et si nous n'y prenions garde le moment de mes couches arriverait avant que notre ménage fût en bon ordre. Je me réjouis bien, mon cher bon-papa, en pensant que l'année prochaine, c'est chez moi que j'aurai le bonheur de vous recevoir et que je serai, il faut l'espérer, plus valide et plus entrain que cet automne ; tout en ne m'engageant pas pourtant à vous accompagner dans toutes vos ascensions périlleuses[5].
Adieu, mon cher bon-papa, je suis l'interprète de Charles en vous priant de croire au bien vif et respectueux attachement de vos petits-enfants.
Caroline Mertzdorff
Veuillez avoir la bonté de présenter tous nos souhaits de nouvelle année à mon oncle et à ma tante, sans oublier Adèle[6] que j'embrasse bien tendrement.
Notes
- ↑ Charles Mertzdorff, mari de Caroline.
- ↑ Probablement le portrait photographique qui se trouve dans la banque d’images de la Bibliothèque inter-universitaire de médecine (http://web2.bium.univ-paris5.fr/img/index.las).
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Charles et veuve de Prosper Leclerc, s’est remariée le 7 septembre 1858 avec Edgar Zaepffel.
- ↑ Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff.
- ↑ Voir l’entrée « jeudi 9 » du mémento rédigé par André Marie Constant Duméril lors de son voyage en Alsace en septembre 1858.
- ↑ Auguste et Eugénie Duméril, et leur fille Adèle.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 31 décembre 1858. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son grand-père André Marie Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_31_d%C3%A9cembre_1858&oldid=36023 (accédée le 15 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.