Vendredi 2 septembre 1892
Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Dommartin) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne)
2 Septembre 1892[1]
Quel contre temps, ma chère enfant, que cette petite vérole volante soit venue s’abattre ici ! L.M.[2] l’a eue très douce mais chez Émilie[3] elle est bien plus forte & lorsque hier, Jean[4] y est allé, Madeleine[5] semblait marcher sur les traces de ses aînés[6]. Lucie qui a été la moins prise l’est encore beaucoup plus que L.M. & si Cécile[7] reste indemne, nous ne devrons pas trop nous plaindre. Pourtant peste soit de cette bonne Mme Target[8], comme l’appelle Zizi, puisque ce sont ses fillettes qui ont donné le [ ]. Je serai repartie quand les allées & venues recommenceront entre Dommartin & Brunehautpré & je le regrette beaucoup. [Je compte] recevoir une lettre de ton oncle[9], malgré cela, je t’envoie celle-ci. Évidemment il est très satisfait de son séjour à Moscou & content de constater qu’il peut supporter de véritables fatigues sans en être trop éprouvé. Le fait est que c’est assez triste de se sentir bon à rien. Comme le passage par Berlin était laissé de côté lorsque ton oncle est parti, il n’avait pas été question de nom d’hôtel dans cette vilaine ville, je vais donc y écrire poste restante tout en ne sachant même pas si la lettre sera réclamée. C’est regrettable qu’au dernier moment le voyage ait été interverti, ton oncle aurait traversé la Prusse qui n’était pas encore atteinte par le choléra & le retour à travers le beau pays du Tyrol se serait fait moins vite & par un temps plus humain. Mais on [pourrait] disserter longtemps là-dessus [ ] plaisir que [ ] ta belle-mère[10] & ta belle-sœur[11] & quand tu écris que vous êtes 20 en ce moment, je ris en pensant à ce que tu disais du vide où Livet devait rester !
Tu as raison, Jean trouve qu’au point de vue de l’exploitation il est préférable que les petites hordes ne se chargent pas de rentrer l’avoine & autres grains, mais au point de vue du plaisir, c’est autre chose. Ton mari[12] lui parle chasse & fait battre son cœur, ici elle n’est pas plus ouverte que chez vous & sauf un jour où il est allé sur les confins du département & a tué quelques bêtes : perdrix & caille, il faut attendre. Pour se consoler, il reste en arrêt devant sa collection de pommes de terre qui s’augmente chaque jour & qu’il classe avec un grand luxe de renseignements, d’étiquettes, etc. etc. & du reste il a grandement raison.
Vendredi 1h
Voici une dépêche de ton oncle du 1er : Quitte Moscou arriverai Jeudi.
Je retournerai donc à Paris Mercredi prochain.
[ ] François[13] [qu'on m'a donnée] M. JB Dumas Edward, Château de Livet [ ] pas voulu mettre : chez M. de Fréville [ ].
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Louise Marie Dumas.
- ↑ Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Madeleine Froissart.
- ↑ Jacques et Lucie Froissart.
- ↑ Cécile Dumas (surnommée "Zizi"), sœur aînée de Louise Marie.
- ↑ Thérèse Maugis, épouse de Louis Target et mère de plusieurs fillettes, dont Marie et Françoise Target.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, qui assiste au Congrès international d'archéologie préhistorique et d'anthropologie.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville.
- ↑ Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ François, employé par les Milne-Edwards ?
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 2 septembre 1892. Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Dommartin) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_2_septembre_1892&oldid=54401 (accédée le 6 octobre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.