Vendredi 1er novembre 1918 (A)
Lettre de Guy de Place (mobilisé), au nom de la Société Duméril Jaeglé et Cie, à la direction de l’Intendance (Lyon)
Duméril, Jaeglé et Cie
Blanchiment et apprêts
Vieux-Thann
(Alsace)
1er Novembre 1918
Messieurs Duméril, Jaeglé et Cie
Manufacturiers à Vieux-Thann (Alsace)
à Monsieur l’Intendant, direction de l’Intendance à Lyon,
Par l’intermédiaire de l’Intendance de Lyon, l’administration de la guerre a réquisitionné les tissus d’origine allemande évacués sur votre ville par ordre de l’autorité militaire et dont M. Miramond de LaRoquette, 9 rue Pierre Corneille, a été nommé séquestre. Tant en raison de nos créances pour frais de façon, soldes de comptes, etc. qu’en vue du remboursement de la main d’œuvre prêtée par nous au séquestre nous avons remis en son temps à ce dernier l’état de nos revendications. Nous avons été informés depuis que le ministre de la guerre[1] consulté vous avait autorisé à faire en notre faveur au dit séquestre une avance de 500 000 francs (cinq cent mille francs). Aucune répartition n’ayant encore été faite, nous avons par lettre du 14 octobre rappelé les faits au séquestre et nous l’avons prié de donner à notre demande la suite la plus rapide, notre intention étant de consacrer à l’Emprunt actuel[2] la totalité de l’acompte qui nous avait été promis. Nous venons d’être informés que par note du 24 octobre l’Intendance de Lyon a répondu à M. Miramond de LaRoquette qu’elle n’avait pas encore reçu les crédits nécessaires au paiement.
En présence de ce nouveau retard nous avons dû nous adresser directement au ministre de la guerre et nous avons eu l’honneur d’être reçus hier 31 octobre par la 5e direction. Il résulte de notre visite que par dépêche du 24 août le ministre de la guerre a autorisé le versement de l’acompte au séquestre. Il paraît dans ces conditions inadmissible à la 5e direction qu’aucune suite n’ait été donnée à cet ordre et que l’Intendance de Lyon invoque aujourd’hui l’absence de crédits. Dès lors qu’il s’agit de réquisition, il n’y a pas lieu à demande de crédits, la dépense étant imputable à l’exercice en cours : il a été constaté en notre présence que les crédits alloués depuis le 1er octobre à votre région étaient plus que suffisants pour permettre le versement demandé par M. Miramond de LaRoquette.
Au cas où la Direction de l’Intendance à Lyon aurait estimé devoir imputer la dépense à un exercice précédent il lui appartenait de faire une demande dans ce sens au Ministre : or aucune demande de fonds n’a été faite depuis le 24 août.
Pour ces motifs, la 5e direction nous a invités à vous adresser d’urgence la présente réclamation motivée : au moment où, à juste titre le gouvernement, et, en particulier l’administration française en Alsace, s’efforcent d’obtenir de tous le concours maximum à l’Emprunt, il serait vraiment regrettable qu’une souscription quelconque soit entravée par les rouages de l’Administration elle-même. Nous voulons espérer que, dans le plus bref délai nous serons à même de donner suite à nos intentions. S’il en était autrement il serait de notre devoir de dégager entièrement notre responsabilité et d’informer aussi bien le ministre de la guerre que le Ministre des finances des raisons de notre abstention.
Veuillez recevoir, Monsieur l’Intendant l’assurance de notre haute considération.
Singé : D.J.C.
Réponse à adresser éventuellement à
M. G. de Place, ingénieur des Arts et Manufactures
Gérant de la société Duméril, Jaeglé et Cie
25 rue Montparnasse
Paris
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 1er novembre 1918 (A). Lettre de Guy de Place (mobilisé), au nom de la Société Duméril Jaeglé et Cie, à la direction de l’Intendance (Lyon) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_1er_novembre_1918_(A)&oldid=43077 (accédée le 21 novembre 2024).
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