Vendredi 18 décembre 1863
Lettre de Félicité Duméril (Morschwiller) à Eugénie Desnoyers, amie de sa fille décédée (Paris)
18 Xbre 1863
Que te dirai-je, chère et tendre enfant, notre cœur est plein, et nous joignons les mains pour remercier Dieu, car au milieu de notre grand malheur Dieu permet qu'un ange consolateur vienne à nous[1] pour nous fortifier et entourer nos chères petites[2] de ces soins si parfaits dont elles se ressentiront toute la vie. Ma bien aimée fille qui est au Ciel te bénit de venir prendre sa place auprès de ce qu'elle a laissé de plus cher sur cette terre : et tu sais, sans que j'aie besoin de te le dire, qu'en mon mari[3] et moi tu trouves de vrais parents fiers et heureux de ton mérite, reçois donc toutes nos bénédictions, et en particulier celles d'une pauvre mère dont le cœur si déchiré reçoit pourtant aujourd'hui un baume salutaire que toi seule possèdes et peux donner.
J'ai eu par ce courrier une lettre de mon excellente amie Madame Heuchel[4] qui m'apprend que nos chères petites viennent d'être assez fortement indisposées par la toux et du mal de gorge, M. Conraux a été de suite appelé et elles sont à présent en bonne voie de guérison, cependant je ne veux pas attendre à demain pour aller les voir et je partirai aujourd'hui pour Vieux Thann. Ah ! Quand ces charmantes créatures seront-elles auprès de toi ? Quand les verrai-je dans tes bras, dans ceux de ta tendre mère[5] et d'Aglaé[6], il me semble qu'alors je respirerai plus librement.
Adieu tendre enfant, nous t'embrassons autant que nous t'aimons sans oublier ton cher entourage et notre bon Charles[7].
Ta maman Méhil[8]
Notes
- ↑ La fille de Félicité, Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff, est décédée en 1862 ; Félicité souhaite qu’Eugénie Desnoyers épouse son gendre veuf avec deux fillettes. L’union vient de se décider.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel et grand-tante des petites.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards et sœur d’Eugénie.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Diminutif employé par les petites Mertzdorff à l’adresse de leur grand-mère Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 18 décembre 1863. Lettre de Félicité Duméril (Morschwiller) à Eugénie Desnoyers, amie de sa fille décédée (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_18_d%C3%A9cembre_1863&oldid=35816 (accédée le 5 novembre 2024).
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