Vendredi 16 décembre 1910

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Brunehautpré), à son fils Louis Froissart (Douai)


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16 Décembre

Eh bien ! quoi ? On est donc malade, mon pauvre Lou ? [Kopfweh und sogar kein appetit ? das ist jämmerlich.]

Tâche de te guérir bien vite car les vacances approchent et un invalide ne pourrait guère en profiter ! J’avais tout de suite pensé à aller te voir, mais je ne crois pas, d’après ta lettre, que tu sois à l’infirmerie, alors j’aurais risqué de te voir très peu puisque je ne puis m’absenter Dimanche ayant ici quelqu’un à dîner. Néanmoins si tu te sentais réellement pris de quelque chose, fût-ce seulement de grippe, je planterais bien là notre invité pour aller te voir Dimanche. Dans le cas où tu voudrais m’avoir, il faudrait que tu me télégraphies. En tous cas donne-nous demain de tes nouvelles.

Nous avons depuis hier une véritable tempête ce qui n’a pas empêché hier les cinq curés invités par Jacques[1] d’arriver des 4 points cardinaux, trempés, Dieu sait comme ! Nous avons passé une bonne journée en leur compagnie ; le temps s’étant levé vers 2h nous avons pu nous promener et leur faire voir Dommartin. M. le Curé de Gouy[2] qui a beaucoup étudié l’histoire de Saint-André sait un tas de choses fort intéressantes non seulement sur Saint-André, mais sur Dommartin et toute la région, c’est une vraie encyclopédie.

Il est question qu’H[3] prolonge son séjour là-bas jusqu’après le jour de l’an ce qui attriste bien ici ! Les fillettes ont été très contentes de reprendre possession de leur petite maman. Nous allons leur faire un arbre de Noël ce qui sera une occupation et un amusement pour elles.

C’est après-demain que l’on baptise la petite fille de Georges[4].

C’est après-demain aussi qu’a lieu la première réunion du comité cantonal (groupement de tous les catholiques du canton[5]) sous la présidence d’un Père Jésuite[6] qui organise dans tout le diocèse les comités cantonaux. C’est lui qui doit dîner et peut-être coucher chez nous.

A bientôt des nouvelles, n’est-ce pas, cher petit. Je t’embrasse de tout cœur et je voudrais bien pouvoir d’ici souffler sur ton mal de tête pour te l’enlever ; c’est le remède infaillible à tous ces bobos de mémé.

Émilie

Si tu tousses, fais-toi mettre de la teinture d’iode.


Notes

  1. Jacques Froissart.
  2. Adolphe Démarest, curé à Gouy-Saint-André (Pas-de-Calais).
  3. Henri Degroote, époux de Lucie Froissart (« petite maman ») et père d’Anne Marie et Suzanne Degroote (« les fillettes »).
  4. Clara Marcelle Louise Bénard, née le 11 décembre 1910, fille de Georges Bénard.
  5. Organisation de défense et d’action catholique, structurée à partir des paroisses.
  6. Père jésuite non identifié.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Vendredi 16 décembre 1910. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Brunehautpré), à son fils Louis Froissart (Douai) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_16_d%C3%A9cembre_1910&oldid=55786 (accédée le 29 mars 2024).

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