Vendredi 15 décembre 1871
Lettre de Jeanne Scheurer-Kestner à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann)
Le 15 Décembre 71
Ma chère Mimy, Je trouve à l'instant une feuille de papier & personne ne veut savoir à qui elle appartient. Je m'en empare donc & m'empresse d'y enfermer les baisers que je t'envoie toujours en pensée & aussi pour te demander pourquoi je n'ai pas encore reçu le moindre petit mot de toi ! M'as-tu donc oubliée petite <horreur> ?? Et Emilie[1] aussi ; cela m'étonnerait car j'espérais toujours que tu m'écrirais, surtout si je t'y encourageais par une sale petite lettre comme celle que je t'ai envoyée dernièrement. Ah si je pouvais jamais parvenir à en fabriquer une qui ne soit pas trop laide, comme je le ferais avec plaisir. Mais cela m'a été jusqu'à présent tout à fait impossible ; peut-être qu'un certain jour cela pourra se faire. J'en profiterai pour t'écrire. Mais voyons que je te parle un peu d'autres choses. Nous pensons revenir Samedi ou Dimanche, Je vous reverrai donc encore avant de partir définitivement. Cela m'effraie de penser que tout cet hiver je serai loin de vous & loin de la famille Scheurer ; enfin je pense au retour de 1872 c'est ce qui me donne du courage ; car tu peux penser que ce n'est pas très gai de se dire que l'on est expulsé par ces affreux prussiens. Enfin J'espère aussi que je serai plus heureuse que je ne le suis ici pour les lettres que je recevrai de toi & d'Emilie, car il faut avouer que je n'en ai pas encore énormément reçu de toi. Il faut, Ma chère Mimy, que je te dise aussi, que je vais un peu à la gymnastique ici, avec Amy[2], et que c'est très amusant il y a aussi deux petites filles que nous connaissons ce qui améliore énormément l'amusement ! (Mais quel affreux <style> et quel charivari) ! Dimanche il y a un arbre pour les pauvres chez la maîtresse de la pension. Toutes les pensionnaires y sont invitées & cela sera aussi amusant. Je te raconte tout cela parce que je crois que cela peut t'intéresser. Dois-je aussi te dire que hier Mme <Roehrig> avait eu la bonté d'inviter plusieurs jeunes filles de sorte que hier aussi je me suis très bien amusée. Enfin je ne parviens pas à trouver un jour où je n'ai pas su ce que j'avais à faire. Maintenant que je t'ai tout dit, ma chère Mimy, je te demande d'embrasser ta sœur de ma ma part & de saluer Mme Mertzdorff[3]. Reçois pour toi mes meilleurs baisers ma chérie, & mes vœux pour que tu m'écrives bientôt une lettre
Jeanne
Vendredi
Notes
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Possiblement Suzanne Scheurer, sœur de Jeanne.
- ↑ Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 15 décembre 1871. Lettre de Jeanne Scheurer-Kestner à Marie Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_15_d%C3%A9cembre_1871&oldid=35769 (accédée le 21 novembre 2024).
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